Histoires

Un engagement inébranlable pour comprendre l’arthrite juvénile 

Dr Rosenberg en conversation avec un collègue

Le moment où le Dr Alan Rosenberg a appris que les enfants pouvaient développer de l'arthrite est bien gravé dans sa mémoire. C'était en 1970, lorsqu'un rhumatologue pour adultes a présenté à l'étudiant en médecine de deuxième année une jeune fille de 16 ans atteinte d'arthrite. Cette rencontre a changé le cheminement de carrière du Dr Rosenberg. 

« Je lui ai serré la main et j'ai été surpris par la déformation de ses doigts et la rigidité de son poignet », se souvient le Dr Rosenberg. « À l'époque, il n'y avait pas de rhumatologue pédiatrique dans notre communauté, et j'ai appris qu'il n'y en avait aucun au Canada et que quelques-uns dans le monde. Il m'a semblé alors que cet enfant méritait mieux de notre profession que ce qu'elle était prête à lui offrir. » 

Aujourd'hui rhumatologue pédiatrique, chercheur du domaine de l'arthrite et professeur émérite à l'Université de la Saskatchewan, le Dr Rosenberg a décidé de contribuer à fournir les soins et la recherche qui faisaient défaut il y a plus de cinq décennies. Ce choix lui a valu une longue liste de réalisations, dont l'Ordre du Mérite de la Saskatchewan en 2022. Le Dr Rosenberg a régulièrement reçu du financement de la Société de l'arthrite du Canada et a une fois de plus obtenu une subvention pour faire des recherches qui pourraient engendrer d'importantes retombées sur les soins apportés aux jeunes atteints d'arthrite. 

Explorer le développement de la maladie 

En novembre 2023, le Dr Rosenberg a reçu une subvention Stimuler la recherche de la Société de l'arthrite du Canada afin d'explorer le rôle de certaines protéines dans le développement de l'arthrite. Certains types d'arthrite juvénile sont considérés comme des maladies auto-immunes, c'est-à-dire que le système immunitaire d'une personne produit des protéines appelées anticorps qui attaquent par erreur les tissus sains. Ces anticorps ciblent des parties des noyaux cellulaires, mais les chercheurs ne savent pas exactement lesquelles. Si l'équipe du Dr Rosenberg parvient à définir les cibles, il sera possible d'améliorer la précision du diagnostic et ainsi personnaliser des plans de traitement et de soins. 

Selon le Dr Rosenberg, « L'idéal serait de définir les cibles, ce qui pourrait éventuellement mener à des tests de dépistage au point d'intervention. Considérez cela comme un test rapide qui pourrait être effectué au chevet du patient dans une clinique. Le médecin pourrait dire : “Ce patient a tel anticorps et a donc besoin de tel médicament et de tel plan de soins”. » 

Ces travaux pourraient également permettre d'améliorer notre compréhension des origines de l'arthrite. Actuellement, la raison pour laquelle les anticorps en question lancent une attaque demeure un mystère. L'équipe du Dr Rosenberg a l'intention d'en découvrir la raison. Elle consultera des bases de données afin de déterminer, par exemple, si certains agents infectieux ont la même structure moléculaire que les protéines ciblées par les anticorps chez les enfants atteints d'arthrite. Cela pourrait fournir des indices sur la cause de la maladie. Si les chercheurs parviennent à comprendre ce qui précipite l'attaque, ils pourront peut-être intervenir pour la prévenir. 

Le Dr Rosenberg fait remarquer que la subvention Stimuler la recherche de la Société de l'arthrite du Canada, d'une durée de deux ans, est essentielle. Son équipe s'en est servie pour obtenir des fonds supplémentaires pour le projet. 

Un partenariat significatif 

En 1979, la Société de l'arthrite du Canada a financé le Dr Rosenberg en lui accordant une bourse de formation postdoctorale. Deux ans plus tard, l'organisation a accordé la première subvention au Pediatric Rheumatology Research and Innovation Laboratory (laboratoire de recherche et d'innovation en rhumatologie pédiatrique) de l'Université de la Saskatchewan. Depuis lors, une plaque reconnaissant le soutien de la Société de l'arthrite du Canada est exposée dans le laboratoire comme symbole d'un lien solide. 

« Il ne fait aucun doute que je ne ferais pas ce que je fais sans le soutien de la Société de l'arthrite du Canada. La Société de l'arthrite du Canada a joué un rôle déterminant en nous permettant de maintenir en opération sans interruption l'un des plus anciens, sinon le plus ancien des laboratoires de recherche (en anglais) en rhumatologie pédiatrique dans le monde. Cela témoigne du soutien que nous avons reçu. Cela montre aussi à quel point je suis âgé », de mentionner le Dr Rosenberg en riant. 

Au départ, le Dr Rosenberg n'avait pas l'intention de se consacrer à la recherche. Ce sont les soins aux patients qui suscitaient son intérêt, mais une nouvelle image de son avenir s'est dessinée en début de carrière. 

« Il m'est apparu évident que je n'allais pas me sentir pas à l'aise de m'asseoir avec des enfants et des familles jour après jour, mois après mois, année après année, et de leur dire : “Oui, vos articulations sont enflées, mais nous ne savons pas pourquoi. Nous avons des traitements qui, je crois, devraient fonctionner, mais nous ne sommes pas certains”. Malgré les avancées et les progrès, il reste encore beaucoup de travail à faire. Nous ignorons la cause de la maladie. Les traitements s'améliorent, mais ils ne sont toujours pas aussi sécuritaires ou efficaces que nous le souhaiterions, et nous n'avons pratiquement aucune idée quant à la découverte d'un remède et la prévention de la maladie. » 

Comprendre les origines de l'arthrite juvénile est la clé de sa prévention, et c'est ce qui motive le Dr Rosenberg. Lorsqu'on lui demande comment il occupe son temps libre, il répond qu'il aime vivre sur une immense propriété et jardiner sous les conseils avisés de sa femme. Cependant, il ne tarde pas à réorienter la discussion vers ses recherches. 

« Ce sont les enfants et leurs familles qui inspirent mon travail », déclare-t-il. « Ils soutiennent mon désir et mon engagement à poursuivre le travail, et je pense que la communauté internationale de rhumatologie pédiatrique est enfin sur le point de faire des découvertes qui transformeront réellement la façon dont nous comprenons et prévenons cette maladie. »