Gérer l’arthrite

Les femmes et l’arthrite

Les femmes et l’arthrite

Le présent texte est le premier d’une série de six articles sur les femmes et l’arthrite. Tout au long de l’année, nous publierons des histoires portant sur les expériences de femmes atteintes d’arthrite, sur les recherches émergentes qui contribuent à l’amélioration de la qualité de vie de ces femmes, et nous vous ferons aussi part de renseignements sur la grossesse et le rôle parental. Inscrivez-vous à notre bulletin de nouvelles Rayonnez ou assurez-vous de consulter notre site Web régulièrement pour ne rater aucun renseignement important!

Pourquoi y a-t-il plus de femmes atteintes d’arthrite que d’hommes?
Un aperçu sur les femmes et l’arthrite

L’arthrite est injuste — notamment dans sa façon de toucher les hommes et les femmes différemment. Une femme canadienne sur quatre vit avec l’arthrite, tandis que chez les hommes, la proportion est d’une personne sur six. En plus d’avoir des répercussions sur près de 60 % des femmes de plus de 65 ans, l’arthrite se manifeste plus tôt chez les Canadiennes, qui reçoivent leur diagnostic, surtout de polyarthrite rhumatoïde (PR) ou de lupus, à un plus jeune âge que les hommes. Bien que certains facteurs ont déjà été liés au taux plus élevé de femmes atteintes d’arthrite, davantage de recherches sont nécessaires afin de mieux comprendre ce phénomène.

Selon la recherche, les répercussions de l’arthrite peuvent différer d’un sexe à l’autre : les femmes atteintes de la maladie font souvent état de taux plus élevés d’insomnie, de stress, d’invalidité et de dépression que les hommes atteints d’arthrite, ou que les femmes atteintes d’autres maladies chroniques. « Je crois que les femmes présentent peut-être plus souvent une invalidité dû au fait qu’elles travaillent fort au travail ainsi qu’à la maison, explique en parlant des femmes atteintes de PR la Dre Angela How, rhumatologue à Burnaby, en C.-B. Les rôles qu’exercent les femmes sont très divers et je crois qu’on a tendance à l’oublier. En plus de travailler, il y a les activités liées à la maison, au parentage et les activités de loisir ». Selon le rapport Femmes au Canada (2017) de Statistique Canada, bien que le taux de femmes sur le marché du travail ait augmenté considérablement au cours des trois dernières décennies, l’écart entre hommes et femmes en matière de soins parentaux prodigués aux enfants est demeuré constant. En 2010, les « femmes consacraient près d’une heure de plus par jour que les hommes à effectuer des tâches quotidiennes relatives aux soins des enfants » et elles étaient trois fois plus susceptibles de prodiguer des soins à une personne adulte de leur famille ou de leur entourage.

Examinons de plus près quelques facteurs physiologiques qui entrent en jeu lorsqu’il s’agit d’arthrite et des femmes qu’elle touche.

La relation avec l’auto-immunisation

Plusieurs formes d’arthrite inflammatoire sont de type auto-immun (c.-à-d. que le corps s’attaque aux tissus sains alors qu’il ne le devrait pas). Les maladies auto-immunes de toutes sortes ont tendance à toucher les femmes dans des proportions beaucoup plus élevées que les hommes. Par exemple, 9 personnes sur 10 atteintes de lupus sont des femmes et, fâcheusement, on ne se sait pas pourquoi.

Hormones

Les femmes sont plus nombreuses à être atteintes d’arthrose. La maladie frappe plus fort après la ménopause, lorsque les niveaux d’estrogène chutent, portant certains chercheurs à soutenir que l’estrogène peut aider à prévenir l’inflammation et les dommages au niveau du cartilage. La ménopause est également associée à une tendance accrue à la prise de poids et cela peut exercer une pression sur les articulations. D’ailleurs, aucun bilan clair n’a pu être tiré sur le sujet : « Jusqu’à maintenant, les nombreux résultats d’études s’avèrent contradictoires. Aucune conclusion définitive n’a été rendue sur la substitution hormonale et l’arthrose. La prise de la pilule contraceptive ne semble pas avoir d’effet sur le développement de la maladie, dit la Dre How. Nous n’avons malheureusement toujours pas trouvé de réponses. »

En ce qui concerne la PR, la Dre affirme que durant la grossesse, lorsque les niveaux d’hormone sont élevés, la plupart des femmes atteintes de PR connaissent une rémission, mais elles peuvent subir une poussée d’arthrite au cours des quelques mois suivants l’accouchement (dans certains cas, l’allaitement peut retarder les poussées). Durant la ménopause, les femmes qui ne suivent aucune hormonothérapie sont plus susceptibles de développer la PR.

« Nous savons également que les niveaux d’hormones androgènes, comme ceux de la testostérone, sont moindres chez les patients atteints de PR, que ces derniers soient des hommes ou des femmes. Je crois qu’il existe des interactions complexes entre tous les différents types d’hormones que nous libérons. »

Génétique

La génétique a aussi son rôle à jouer. « Il existe un type d’arthrose affectant les genoux, les hanches et les mains qui est plus répandu chez les femmes. Les risques de développer ce type d’arthrite sont plus grands lorsqu’on a des liens de parenté avec des femmes qui en sont atteintes », explique la Dre How. Cependant, que l’on soit un homme ou une femme, avoir un parent au premier degré (une mère ou un père) atteint de PR augmente de façon égale les chances de développer la PR. La recherche soutient que certaines variations génétiques peuvent également augmenter la susceptibilité de développer le lupus.

Mécanique du genou

Les personnes atteintes de blessures aux genoux (plus précisément, au ligament croisé antérieur [LCA], l’un des grands ligaments du genou) ont un risque accru de développer l’arthrose plus tard dans leur vie, et ce, peu importe si elles ont subi une opération au genou ou pas. De plus, à cause des particularités physiques du genou chez les femmes, ces dernières sont plus susceptibles de subir des lésions au LCA.

En somme, c’est compliqué. « De nombreux facteurs entrent en jeu. Nous ne savons pas exactement ce qui cause la plupart des types d’arthrite. Nous nous mesurons à des rapports complexes entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux », déclare la Dre How. Espérons que les travaux de recherche de demain nous aideront à élucider certaines des questions qui n’ont toujours pas été résolues. Comprendre exactement ce qui cause l’arthrite n’est pas toujours évident, c’est pourquoi il faut du moins connaître les éléments qui entrent en jeu dans l’apparition de la maladie et ne jamais faire peu de cas aux symptômes observés. Parlez à votre fournisseur de soins de santé si vous souhaitez recevoir un diagnostic plus lucide et de meilleurs traitements, ou bien consultez les ressources de la Société de l’arthrite (arthrite.ca/education) pour vous aider à jouer un rôle actif dans la prise en charge de votre maladie.