Certains professionnels de la santé reçoivent l’appel de leur domaine à un jeune âge. Ce ne fut pas le cas de Olufemi Ayeni, Ph. D.
« J’ai d’abord pensé étudier l’archéologie – les ossements des morts », explique le professeur et chef de la division du volet académique de chirurgie orthopédique de l’Université McMaster et chef du service de chirurgie pour adultes du centre médical de l’Université McMaster. « En fin de compte, je suis retourné à l’étude des os chez les vivants avec la chirurgie orthopédique. »
Ce changement de direction s’est avéré bénéfique pour les nombreuses personnes vivant avec l’arthrite qui ont reçu l’aide de M. Ayeni. Avec le soutien de la Société de l’arthrite du Canada, M. Ayeni prévoit aider encore de nombreuses personnes par le biais de son prochain projet qui pourrait transformer le traitement de l’arthrose.
L’essai REPAIR : Une thérapie révolutionnaire
Le cartilage endommagé de la hanche peut évoluer et devenir de l’arthrose, le réparer est donc important afin de prévenir ou de retarder l’apparition de l’arthrose. Traditionnellement, lorsqu’une personne ayant le cartilage de la hanche endommagé est traitée par une intervention chirurgicale, l’articulation est réparée grâce à une technique appelée microfracture. Celle-ci implique de percer de nombreux trous, ou microfractures, dans le cartilage afin de stimuler la croissance de nouveaux tissus. Souvent, le tissu formé en réponse à l’opération par microfracture n’est pas aussi flexible et durable que le cartilage normal, et un risque d’endommager l’os sous-jacent est aussi présent dans cette procédure.
L’essai REPAIR de M. Ayeni adopte une approche différente. Ses collègues et lui combinent des éléments d’une microfracture limitée tout en appliquant du collagène sur le cartilage endommagé afin de favoriser la régénération du tissu cartilagineux.
« L’objectif de cet essai est d’évaluer si cette nouvelle réparation engendrera un cartilage fonctionnant mieux et d’apparence plus normale que celui de la procédure de microfracture. L’objectif ultime est d’évaluer quelle procédure préviendra l’apparition de l’arthrose », ajoute M. Ayeni.
Treize établissements au Canada participent à cet essai clinique randomisé, le premier du genre, mais M. Ayeni affirme que l’objectif est de recruter des centres au Royaume-Uni et en Allemagne. Les participants ont entre 18 et 50 ans et ressentent de la douleur en raison de dommages au cartilage et d’arthrose précoce. Le plan est de réaliser le financement du projet en deux ou trois années.
« Dans le meilleur des cas, nous trouvons une autre option de traitement viable pour un large éventail de patients ayant des douleurs aux hanches en raison d’arthrose précoce et de dommages au cartilage », de dire M. Ayeni. « À long terme, nous avons espoir de pouvoir retarder le besoin d’une intervention chirurgicale complexe, comme le remplacement de la hanche ou d’autres traitements. »
L’appel d’une famille
M. Ayeni, Ph. D., titulaire de la chaire de recherche du Canada de niveau 2 en chirurgie de préservation des articulations, était enclin à étudier l’arthrite parce que des membres de sa famille vivent avec l’arthrose. Pour eux, il souhaitait obtenir des réponses et quand ils lui posaient des questions sur la gestion de la douleur, il souhaitait être en mesure de discuter de nouvelles options de traitement.
« J’étais attiré par la chirurgie de préservation des articulations et par les nouvelles technologies de chirurgie pour essayer de prévenir l’arthrose ou de la retarder le plus possible », de dire M. Ayeni.
Enfant, M. Ayeni a déménagé de Montréal pour le Nigeria, puis à Kapuskaking, une petite ville du nord de l’Ontario. Au cours de ses voyages, il a constaté les répercussions sur les personnes limitées en raison de douleurs articulaires causées par l’arthrite. Il a de bons souvenirs de patients reconnaissants qui arrêtaient son père, chirurgien, à l’épicerie ou au magasin, afin de le remercier. Ses frères et sœurs et lui ont constaté à quel point il pouvait être satisfaisant d’avoir un travail apprécié des gens. Trois de ses quatre frères et sœurs ont opté pour une profession médicale et travaillent comme chirurgiens, eux aussi.
De l’hôpital aux terrains de sports et au rôle de mentor
À l’extérieur du centre médical de l’Université McMaster, M. Ayeni est le directeur médical de l’équipe des Tiger Cats de Hamilton de la LCF et de l’équipe de soccer de Hamilton, Forge FC. Soigner les athlètes et leur permettre de retourner au jeu le plus tôt possible après une blessure est sa priorité.
« Travailler avec les athlètes est une merveilleuse expérience. Les athlètes sont des personnes après tout, pas plus différentes de vous et moi. Ils jouent à un niveau très élevé dans leur sport, mais ils ont les mêmes ambitions, les mêmes souhaits et les mêmes craintes », remarque M. Ayeni. « C’est l’un des bons éléments qui ressortent de mon travail – les relations. »
Mis à part les ballons de football et de soccer, M. Ayeni trouve le temps de redonner. Par le biais de Notch Academy, un programme en ligne qu’il a lancé en 2022, il est le mentor de la prochaine génération de chirurgiens-scientifiques, auxquels il transmet son expérience et des conseils appris au cours de sa carrière. Pour lui, c’est une autre façon d’engendrer des retombées.
Lorsqu’il réfléchit à sa carrière et à ce qui le motive, M. Ayeni mentionne l’inconnu.
« Pratiquement tous les jours, il y aura une question d’un patient à laquelle je n’ai pas de réponse, une question d’un stagiaire à laquelle je n’ai pas de réponse ou une question de recherche pour laquelle je dois trouver une réponse », résume-t-il. « Le thème récurrent est qu’il me reste du travail à faire parce que je n’ai pas encore tout compris. Si on sait tout, il n’y a plus de défi. »