Pour les communautés de lesbiennes, gais, bisexuels, trans, queer et bispirituel (LGBTQ2S+) l’accès aux soins de santé varie d’une région à l’autre du pays en fonction d’un certain nombre de facteurs, notamment la disponibilité des services dans chacune d’elle, le niveau de connaissance du praticien en matière de soins de santé et l’importance du soutien de la famille, des amis et de la communauté. Un rapport fédéral de 2019 sur la santé indique que les communautés LGBTQ2S+ connaissent des taux d’arthrite disproportionnellement élevés et de nombreuses personnes des communautés LGBTQ2S+ doivent surmonter un certain nombre d’obstacles pour recevoir des soins de santé, ce qui complique le traitement de leur arthrite.
Certains des principaux problèmes qui empêchent les communautés LGBTQ2S+ de bénéficier de soins de santé de soutien comprennent : se voir refuser les soins, les stéréotypes et la discrimination envers les personnes LGBTQ2S+, les prestataires de soins qui ignorent les besoins particuliers en matière de soins de santé, les expériences négatives vécues par les patients dans le système de santé et l’utilisation d’un langage qui exclut les expériences LGBTQ2S+ sur les formulaires ou lors des rendez-vous. Bien que les communautés LGBTQ2S+ soient confrontées à de nombreux autres problèmes pour accéder aux soins de santé, ces obstacles supplémentaires semblent s’aplanir lorsque les gens se sentent soutenus par leur équipe de soins, leurs familles et leurs amis.
Lorsque Gilles Fournier, qui est atteint d’arthrite, pense à son retour d’un voyage à l’étranger au début de la pandémie de COVID-19, il se souvient à quel point sa famille et ses amis ont été d’un grand soutien pour son mari et lui. « La famille et les amis nous proposaient de faire nos courses, ils nous demandaient ce dont on avait besoin, ce genre de choses. »
En tant qu’homme gai vivant en Alberta, Gilles a vécu de nombreuses expériences positives en naviguant dans les soins de santé. Il souligne le bon système de soutien dans son expérience. Son mari et lui ont le soutien de bons médecins de famille et d’autres praticiens, ce qui n’est pas le cas de l’ensemble des membres de la communauté LGBTQ2S+ qui n’a pas accès au même niveau de soins.
Des soins inclusifs appropriés pour les communautés LGBTQ2S+ peuvent faire une grande différence et améliorer les résultats en matière de santé pour les personnes atteintes d’arthrite. Le dépistage et le traitement précoces peuvent jouer un grand rôle et limiter les dommages et l’incapacité causés par l’arthrite. Toutefois, pour les personnes ayant connu les stéréotypes, la discrimination ou un manque de compréhension de la part de professionnels de la santé, il est possible qu’elles hésitent à demander un diagnostic jusqu’à ce que la maladie ait progressé.
Bien qu’un grand nombre de changements positifs soient survenus au sein du domaine médical pour les communautés LGBTQ2S+, il reste de nombreuses préoccupations en ce qui concerne l’accès aux soins de santé et les soins spécifiques à l’arthrite. Certaines des questions que peuvent se poser les membres de la communauté LGBTQ2S+ avant d’accéder aux soins de santé peuvent comprendre :
- Est-ce que le spécialiste vers lequel on m’aiguille m’aidera ou attribuera-t-il mes problèmes de santé à mon identité sexuelle ou mon orientation sexuelle?
- Est-ce que mon prestataire de soins fera des sous-entendus à mon sujet ou sur ma santé en lien avec mon identité sexuelle ou mon orientation sexuelle?
- Si je vais à l’hôpital, sortiront-ils un dossier d’une visite antérieure pour ensuite utiliser le mauvais prénom ou les mauvais pronoms, ou refuseront-ils de me soigner?
- Après mon opération, avec qui vais-je partager ma chambre? Mon partenaire pourra-t-il me visiter sans devoir mentir sur notre relation?
- Cela vaut-il la peine d’aller à mon rendez-vous en physiothérapie et risquer de me faire juger, ou puis-je essayer de gérer le problème moi-même.
- Est-ce que le personnel de soutien qu’on m’assigne sera inclusif et compétent? Me sentirais-je en sécurité chez moi?
En plus de ces préoccupations, certaines communautés LGBTQ2S+, comme la communauté trans, doivent affronter des obstacles pour accéder aux soins. Les médecins peuvent être hésitants à prescrire des médicaments antidouleur aux patients trans ou ne pas connaître les interactions possibles de ces médicaments avec l’estrogène ou la testostérone que certaines personnes trans peuvent prendre pour affirmer leur genre. Ces obstacles peuvent engendrer une multitude de lacunes et de problèmes de santé supplémentaires. Nombreux sont ceux qui éviteront complètement les soins ou qui passeront de grandes périodes avec une douleur non gérée. Ces facteurs de stress supplémentaires peuvent aggraver les conséquences de la douleur chronique et avoir des répercussions importantes sur la santé mentale qui peuvent contribuer à la dépression et dans certains cas, augmenter les risques de suicide.
Bien que vivre avec l’arthrite puisse représenter un défi même dans les meilleurs moments, lorsque ces obstacles supplémentaires sont minimes ou inexistants, comme dans le cas de Gilles Fournier, l’expérience de vie avec l’arthrite est soudainement moins difficile.
Rainbow Health Ontario suggère les mesures suivantes pour aider les membres des communautés LGBTQ2S+ à se sentir les bienvenus dans les espaces dédiés aux soins de santé :
utilisation d’un langage approprié;
- ne pas supposer qu’une personne a un « mari », une « épouse », un « petit ami » ou une « petite amie »
- utiliser les pronoms appropriés (les mots utilisés dans les conversations pour décrire les personnes, par exemple : elle, ils/eux, il/lui, ils/eux, iel, ille, al et ol).
- demander quel langage et quels termes conviennent le mieux pour décrire le corps d’une personne (p. ex. : allaitement aux seins ou à la poitrine)
faire preuve de sensibilité au sujet des corps des personnes trans;
- ne pas poser de question ou ne pas faire des suppositions sur l’apparence ou les parties du corps d’une personne
- ne pas faire de suppositions sur qui nécessite quel type de soins de santé en fonction de l’apparence d’une personne ou du genre exprimé
choisir des formulaires inclusifs et permettre aux patients trans ou non binaires d’indiquer eux-mêmes leur nom, leur pronom et leur genre avec des questions ouvertes
- laisser une ligne vierge pour que les personnes puissent y écrire leur genre, p. ex. : Genre : _________,
- énumérer les parties du corps qui nécessitent des soins sur les formulaires plutôt que de demander quel était le sexe attribué à la naissance.
favoriser des environnements de soutien propices aux programmes d’exercices et de mobilité comme la physiothérapie, l’accès à la piscine et les espaces récréatifs.
- donner accès à des vestiaires et des toilettes non genrés
Lorsque des environnements de soutien (supportive environments – en anglais seulement) sont en place, les communautés LGBTQ2S+ sont en meilleure posture pour se concentrer sur la réponse à leurs besoins de santé. Bien que Gilles indique que ses besoins de santé futurs ne sont pas exempts de préoccupations, il affirme : « Lorsque vous avez un système de soutien comme ma famille et mes amis, l’arthrite s’endure plus facilement... beaucoup plus facilement. »
Références :
https://www.ourcommons.ca/Content/Committee/421/HESA/Reports/RP10574595/hesarp28/hesarp28-f.pdf
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5034675/ (en anglais seulement)
https://www.rainbowhealthontario.ca/wp-content/uploads/2021/03/Health-in-focus_LGBT2SQ-Seniors.pdf (en anglais seulement)
https://www.rainbowhealthontario.ca/wp-content/uploads/2019/05/HEIA-RHO-FR.pdf
https://transpulsecanada.ca/fr/research-type/rapports/
https://www.the519.org/education-training/training-resources/our-resources/inclusion-playbook (en anglais seulement)
https://www.the519.org/education-training/training-resources/our-resources/creer-des-milieux-authentiques