Lorsque la rhumatologue de Laurence Boivin lui a annoncé qu’elle devait arrêter de jouer au hockey, la petite, qui avait 10 ans, s’est mise à pleurer.
Pour elle, il ne s’agissait pas d’un simple loisir et elle n’avait aucune intention de s’avouer vaincue.
Cinq ans plus tard, la résidente de Chambly saute maintenant sur la patinoire cinq fois par semaine dans le cadre de son programme sport-étude, et frôle la surface glacée quatre fois par semaine en portant les couleurs de son équipe locale. Seule fille de son équipe au M18 AA masculin, Laurence croit bien être la seule représentante féminine de la ligue, à ce niveau.
La combative gardienne de but prend exemple sur son idole, Carter Hart, le jeune cerbère des Flyers de Philadelphie, qui est réputé pour sa fougue.
« Il est toujours en train de se battre pour voir la rondelle. Il n’abandonne jamais. Ça m’inspire de le voir jouer. »
Comme son idole, Laurence n’a pas tendance à baisser les bras. Récemment, une blessure au genou par-dessus une recrudescence des symptômes de son arthrite juvénile l’ont tenue à l’écart du jeu pendant près de six mois.
« C’était dur. Le hockey, j’en mange d’habitude. J’ai dû faire pas mal de physiothérapie pour rééquilibrer ma jambe affaiblie. Je suis contente d’être de retour au jeu. »
Celle qui rêve à une carrière sportive au niveau universitaire comprend aussi la valeur d’un entraînement constant pour renforcer ses articulations, autrement fragiles.
« Je m’entraîne régulièrement au gymnase. Ça me permet de rester en forme et d’activer mes articulations pour qu’elles ne s’ankylosent pas trop. Je ne peux pas me permettre d’arrêter. »
Pour Laurence, les dernières années ont été riches en apprentissage. D’abord, elle a appris à surmonter l’anxiété qui l’envahissait avant ses injections de méthotrexate. Ensuite, au niveau psychologique, elle comprend maintenant mieux comment affronter les aléas de sa maladie.
« Je m’écoute beaucoup plus qu’avant. Des fois, tu veux faire quelque chose, mais ton corps ne suit pas. Maintenant, quand la situation se présente, j’attends et je réessaye le lendemain, de façon graduelle. Je réessaye toujours. »
L’adolescente de quinze ans salue le soutien qu’elle obtient de ses coéquipiers et de ses entraîneurs. Ils comprennent aujourd’hui qu’il s’agit d’une maladie et non de blessures et lorsque les entraînements sont plus difficiles, les instructeurs les allègent parfois en laissant plus de temps à Laurence pour se récupérer. Elle leur en est reconnaissante.
À l’été 2016, la hockeyeuse avait créé une équipe afin de participer à la Marche de l’arthrite et avait réussi à collecter plus de 2 000 $ pour soutenir la cause qui lui tient à cœur. Elle a retiré beaucoup de fierté suite à l’accomplissement du parcours qu’elle a franchi.
« J’avais le sentiment de courir pour ceux qui ne le peuvent pas. Malgré ma maladie, je suis capable d’accomplir les défis que je me lance. D’autres sont moins chanceux que moi et je le réalise. »
Parmi les nombreux moments de fierté de sa jeune carrière, sa participation au Tournoi international féminin de Québec arrive en tête. Âgée de seulement 13 ans à l’époque, Laurence avait été sélectionnée pour garder les buts de l’équipe féminine des 15 à 17 ans. Son sang-froid, sa combativité et ses habiletés ont été mis à l’épreuve et grâce à des performances solides, son équipe a remporté les grands honneurs du tournoi.
Selon sa mère, la détermination et la maturité dont sa fille fait preuve sont en partie dues à cette maladie dévastatrice qu’est l’arthrite juvénile. Cela dit, elle n’y changerait rien, car elle est fière de la jeune femme que Laurence est en train de devenir.