Lorsque vous ressentez de la douleur liée à l’arthrite, vous savez que c’est votre corps qui la subit : vos genoux, vos mains, votre épaule ou une douzaine d’autres articulations. Cependant, la douleur est indéniablement (et parfois, étonnamment) liée à des facteurs émotionnels et psychologiques. En comprenant le rôle que les émotions et la santé mentale peuvent jouer dans votre plan de soins contre l’arthrite, vous serez mieux outillé pour approfondir votre prise en charge personnelle.
Les chercheurs reconnaissent que les cinq facteurs interreliés suivants ont un effet sur la douleur :
- les troubles physiques causés par une blessure, une intervention chirurgicale ou une maladie;
- la tension musculaire;
- la fatigue;
- le stress psychologique; et
- la dépression ou autres émotions négatives.
L’interaction entre ces facteurs caractérise le processus qu’on appelle le cycle de la douleur : la douleur peut engendrer de la colère ou des inquiétudes, qui entraîne de la fatigue, qui à son tour occasionne davantage de douleur.
De nombreuses études récentes ont permis d’examiner de plus près la relation entre la douleur et notre état émotionnel. Par exemple, une étude publiée en 2018 dans le International Journal of Geriatric Psychiatry dans le cadre de laquelle on a observé 4 792 personnes atteintes de dépression et d’arthrite autodéclarée et dont le diagnostic a été confirmé par un médecin, a démontré que le taux de prévalence de l’arthrite était supérieur chez les personnes atteintes de dépression légère (55 %), modérée (62,9 %) et sévère (67,8 %). Évidemment, la dépression ne cause pas l’arthrite. Cependant, les deux troubles vont souvent de pair, entraînant une dégradation de l’état de santé physique et mentale. Si vous sentez qu’il y a quelque chose qui cloche avec votre humeur, parlez-en à votre principal fournisseur de soins de santé ou à votre rhumatologue pour passer un test de dépistage de la dépression.
Dans le cadre d’une autre étude publiée en 2018 dans le Annals of Behavioral Medicine, on a demandé aux membres de deux groupes — l’un constitué de personnes atteintes d’arthrose, l’autre de personnes atteintes de diabète de type 2 — de tenir un journal sur leur humeur, sur la sévérité de leurs symptômes et sur les interactions positives ou négatives entre eux et leur conjoint ou conjointe. On a aussi demandé aux conjoints de tenir un journal. Les résultats ont été révélateurs. L’humeur ainsi que la douleur des participants des deux groupes étaient pire les jours où il y avait une tension plus présente qu’à l’habitude entre conjoints. On a observé (particulièrement chez le groupe de personnes atteintes d’arthrose) que les jours où les gens ressentaient plus de douleur, ils étaient aussi plus maussades, et qu’une plus grande tension régnait entre conjoints; tension qui perdurait même jusqu’au lendemain. Donc, en analysant ces résultats par rapport à ce que nous savons déjà du cycle de la douleur, nous voyons que lorsque vous n’êtes pas d’humeur, la douleur peut être ressentie davantage, ce qui fait en sorte que vous focalisez sur ce qui est négatif et ressentez ensuite la douleur encore plus vivement. De plus, si vous éprouvez de la douleur, vous êtes plus susceptibles de devenir impatient avec vos proches et d’être dur envers vous-même.
En somme, reconnaître qu’il existe un cycle peut vous permettre de prendre des mesures pour le briser et vous sentir mieux. Dans plusieurs cas, la prise de médicaments contre la douleur et contre la dépression peut être un facteur ayant une grande incidence, mais ce n’est pas la seule option qui s’offre à vous. Nos cerveaux répondent bien aux efforts que nous déployons pour remodeler notre façon de voir les choses. Voici quelques suggestions :
Pleine conscience
Grâce à l’importance qu’accordent le yoga, le tai-chi et la méditation à la respiration et à la concentration sur le moment présent, ces activités peuvent calmer votre esprit et éviter que ce dernier se focalise sur la douleur.
Exercice
Des études ont révélé qu’intégrer une séance d’entraînement à votre routine quotidienne aide à soulager l’anxiété et la dépression aussi efficacement que de nombreux antidépresseurs d’ordonnance. Rester le plus actif possible aide aussi à éviter la raideur et la douleur associées à de nombreuses formes d’arthrite.
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC)
Ne laissez pas ce terme vous intimider. Il s’agit simplement d’entraîner votre cerveau pour qu’il évite les schémas de pensées négatives, ce qui à son tour agit sur votre vision du monde et la façon dont vous composez avec les défis qui se présentent. Des études ont révélé que des séances régulières de TCC aident à soulager la douleur, la fatigue et la dépression chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde, par exemple, et surtout lorsqu’elles ont recours à la TCC peu de temps après avoir reçu un diagnostic. La TCC comporte entre autres des techniques d’affirmation de soi, de résolution de problèmes et de relaxation et vise à montrer au patient comment respecter son rythme et se fixer des objectifs. Demandez à votre fournisseur de soins de santé de vous renseigner au sujet de la TCC.