Un pas de plus vers de nouvelles façons de diagnostiquer rapidement l’arthrose

Ce que vous devez savoir

Les répercussions de l’arthrose peuvent changer une vie, et la maladie est souvent diagnostiquée uniquement avec l’apparition de douleurs importantes, après que des dommages articulaires irréversibles ont eu lieu. Nous avons urgemment besoin de trouver de nouvelles façons de détecter l’arthrose précoce afin de ralentir sa progression et de réduire ses symptômes. Une étude de 2019 a permis d’identifier une molécule inflammatoire qui pourrait jouer un rôle dans les toutes premières lésions au cartilage, lesquelles peuvent conduire à l’arthrose. Des recherches plus poussées sur cette molécule pourraient mener à de nouvelles façons de détecter et de traiter l’arthrose plus rapidement.

Sur quoi cette recherche porte-t-elle?

L’arthrose est la forme d’arthrite la plus courante et elle est généralement diagnostiquée seulement une fois que le cartilage dans l’articulation est suffisamment endommagé pour que ces dommages soient détectables par imagerie médicale. À ce point-là, de nombreuses personnes souffrent déjà de douleurs et d’incapacités importantes. Les chercheurs tentent depuis longtemps d’identifier les molécules dans le sang qui pourraient révéler le développement d’une arthrose précoce, mais leurs efforts n’avaient pas encore porté leurs fruits. Les liens entre l’inflammation, la détérioration du cartilage, la douleur et l’arthrose peuvent être autant d’indices essentiels.

Qu’ont fait les chercheurs?

Le stagiaire Guomin Ren, Ph. D., a travaillé avec Roman Krawetz, Ph. D., et son équipe afin d’étudier les modèles dans un réseau complexe de 41 molécules inflammatoires trouvées dans le sang de jeunes à risque élevé de développer l’arthrose (ayant subi une blessure sportive au genou). Les chercheurs ont également établi des comparaisons entre ces jeunes et leurs pairs non blessés, en plus d’étudier le fonctionnement de l’une de ces molécules en laboratoire.

Qu’en est-il ressorti?

Une analyse informatique robuste semblait indiquer que la blessure au genou modifiait les modèles des molécules inflammatoires dans le sang, et ce, avant le moment où l’arthrose serait typiquement diagnostiquée. D’autres expériences en laboratoire ont révélé que l’une de ces molécules, appelée CCL22, était liée à la douleur et à la détérioration du cartilage et qu’elle jouerait un nouveau rôle dans la mort des cellules cartilagineuses.

Quelle est l’utilité de cette recherche?

Dans l’optique d’une détection rapide de l’arthrose, cette étude a été la première à examiner un vaste réseau de molécules inflammatoires dans son ensemble au lieu d’étudier ces molécules une par une. Elle a également permis d’identifier la CCL22 comme biomarqueur potentiel prometteur de l’arthrose précoce (c.-à-d., un signe de la maladie en développement qui peut être mesuré dans le sang) et a donné à penser que la CCL22 pourrait être un facteur clé dans les stades précoces de détérioration articulaire.

Ces résultats fournissent plusieurs nouvelles avenues aux chercheurs pour étudier le potentiel de la CCL22 comme biomarqueur et cible thérapeutique possible. Ces travaux pourraient comprendre un suivi à plus long terme auprès des participants blessés afin de surveiller le développement de l’arthrose.

Quelle incidence cette recherche pourrait-elle avoir?

Des millions de Canadiens vivent avec la douleur de l’arthrose, qui nuit à leur capacité de se déplacer, de prendre soin d’eux-mêmes, de travailler de façon productive et de participer à des activités qu’ils aiment. Détecter l’arthrose à un stade précoce pourrait permettre de la prendre en charge avant même que des symptômes se développent.

Si des ressources plus poussées confirment que la CCL22 est un biomarqueur de l’arthrose précoce, cela pourrait mener à la création d’un test sanguin simple pour détecter l’arthrose dès les stades initiaux. Si de nouvelles thérapies peuvent être développées pour bloquer la CCL22, cela pourrait aussi mener à une nouvelle approche pour prévenir la détérioration du cartilage et la progression de l’arthrose.

À propos des chercheurs

Guomin Ren a obtenu son doctorat à l’Université de Calgary sous la supervision de Roman Krawetz, Ph. D., avec le soutien d’une bourse salariale de formation au doctorat de la Société de l’arthrite du Canada. Le laboratoire de M. Krawetz continue à chercher de nouvelles approches du traitement de l’arthrose et s’intéresse notamment au potentiel des cellules souches. C’est d’ailleurs sur cela que portent les travaux de la stagiaire Nedaa Aljezani, elle aussi récipiendaire d’une bourse salariale de formation au doctorat.

Réflexion du chercheur

Photographie de Guomin Ren

La détection précoce et les traitements efficaces sont des armes indispensables pour remporter la guerre contre l’arthrose. Grâce à cette étude, nous avons gagné une nouvelle bataille.

– Guomin Ren, Ph. D., l’Université de Calgary

Réaction dans le vrai monde

Photographie de Cristy Spencer, living with osteoarthritis

Financer des recherches comme celle réalisée par M. Ren, Ph. D., et M. Krawetz, Ph. D., est essentiel dans la quête d’un dépistage précoce de l’arthrose. L’inflammation a été la première manifestation de la maladie, mais elle est passée inaperçue. La compréhension des processus et des facteurs qui contribuent au développement de l’arthrose représente un premier pas dans le traitement précoce qui vise à atténuer les effets permanents de la maladie. Cette recherche est très importante!

– Cristy Spencer, atteinte d’arthrite

The road to a new pain treatment for women with arthritis

Citation

Ren G., J. L. Whittaker, C. Leonard, D. De Rantere, D.S.J. Pang, P. Salo, M. Fritzler, M. Kapoor, A.P.J. de Koning, J. L. Jaremko, C.A. Emery et R. J. Krawetz. « CCL22 is a biomarker of cartilage injury and plays a functional role in chondrocyte apoptosis. » Cytokine. 2019 ; 115:32-44.