Sur quoi cette recherche porte-t-elle?
L’arthrite inflammatoire (AI), comme la polyarthrite rhumatoïde ou l’arthrite causée par le lupus, est une maladie chronique qui se manifeste souvent chez les personnes de sexe féminin qui sont en âge de procréer. Si l’arthrite inflammatoire n’est pas bien contrôlée pendant la grossesse, elle peut nuire à la santé du parent et du bébé. Près de la moitié des personnes enceintes atteintes d’AI ont besoin de prendre des médicaments. Mais les recherches sur les médicaments qui peuvent être pris sans danger pendant la grossesse sont très limitées, particulièrement lorsque ces médicaments sont nouveaux sur le marché. On ne savait pas dans quelle mesure les décisions prises par les rhumatologues canadiens variaient dans cette situation.
Qu’ont fait les chercheurs?
Mary De Vera, Ph. D., et son équipe ont interrogé des rhumatologues canadiens sur leurs connaissances relatives à l’innocuité des médicaments et sur la façon dont ils traitaient leurs patientes enceintes atteintes d’AI. Les questions portaient sur l’innocuité de plusieurs comprimés et médicaments biologiques pendant la grossesse, les circonstances dans lesquelles le traitement doit être arrêté chez une personne qui prévoit devenir enceinte et ce qu’il faut faire en cas de grossesse imprévue chez une personne enceinte qui prend déjà des médicaments.
Qu’en est-il ressorti?
Il y avait un consensus encourageant parmi les rhumatologues sur la question de savoir si beaucoup de ces médicaments devraient être utilisés pendant la grossesse. Mais il y avait clairement des lacunes dans les connaissances ainsi que des divergences d’opinions sur le moment précis où le traitement doit être arrêté et ce qu’il faut faire en cas de grossesses non planifiées.
Quelle est l’utilité de cette recherche?
Ces résultats donnent un aperçu de la façon dont les rhumatologues au Canada gèrent l’AI chez les personnes enceintes et identifient les domaines où ils ont besoin de plus de données probantes pour offrir les meilleurs soins qui soient. Bien que des lignes directrices pour les rhumatologues sur l’utilisation de médicaments contre l’AI durant la grossesse aient été développées en Europe et aux États-Unis, cette étude a montré qu’il faut encore combler certaines lacunes dans les connaissances.
Les résultats de cette étude peuvent orienter la recherche sur les moyens de gérer l’AI de façon sécuritaire et efficace pendant la grossesse en soulignant les questions pressantes auxquelles il faut répondre pour optimiser les soins. Ils peuvent également éclairer l’élaboration de lignes directrices cliniques améliorées et servir de points de repère pour évaluer comment les rhumatologues changent leurs pratiques à mesure que de nouvelles données probantes émergent.
Quelle incidence cette recherche pourrait-elle avoir?
En soulignant les domaines où il y a consensus et les différences dans la façon dont les rhumatologues canadiens traitent l’AI pendant la grossesse, cette étude pourrait influencer le processus par lequel les décisions de traitement sont prises.
En encourageant d’autres travaux de recherche et en fournissant de l’information sur les façons d’améliorer les lignes directrices sur les traitements, cette étude pourrait, au final, assurer des grossesses saines et des bébés en santé pour les personnes atteintes d’AI. Cela peut avoir une incidence particulièrement importante sur l’approche de traitement de l’AI dans les 50 % des cas où la grossesse est non planifiée, domaine dans lequel il n’y a pas de consensus.
À propos des chercheurs
Mary De Vera, Ph. D., est scientifique et professeure adjointe à l’Université de la Colombie-Britannique et à Arthrite-recherche Canada. Sa recherche sur l’innocuité des médicaments contre l’arthrite durant la grossesse a été financée par une subvention de fonctionnement pour jeunes chercheurs de la Société de l’arthrite du Canada, accordée en 2013. Avec le soutien d’une nouvelle subvention stratégique de fonctionnement de la Société de l’arthrite du Canada accordée en 2018, elle dirige maintenant une étude pionnière qui établit des liens entre l’arthrite, la consommation de médicaments et la santé mentale.
Le Dr Glen Hazlewood, coauteur de l’étude, est rhumatologue et professeur adjoint à l’Université de Calgary et à Arthrite-recherche Canada. Il a également reçu une bourse salariale pour jeunes chercheurs de la Société de l’arthrite du Canada.
Réflexion de la chercheuse
Je suis reconnaissante à tous les rhumatologues au Canada qui ont répondu à notre sondage. Je pense que cela montre que la gestion de l’AI durant la grossesse est un sujet qui leur tient à cœur
– Mary De Vera, Ph. D., Université de la Colombie-Britannique et Arthrite-recherche Canada
Réaction dans le vrai monde
Des recherches comme celle-ci sont très importantes. Quand est venu le temps de fonder une famille, j’ai éprouvé beaucoup d’anxiété parce que je sentais le besoin d’arrêter certains des médicaments que j’utilisais pour ma polyarthrite rhumatoïde, mais j’avais peur des conséquences que cela aurait pour mon corps. Même si j’étais capable de continuer à prendre des médicaments biologiques (le traitement vient d’être approuvé pour les cas de grossesse) le médicament à lui seul ne suffisait pas et j’éprouvais de fortes poussées pendant les trois derniers mois.
– Stéphanie, mère des jumeaux, atteinte de polyarthrite rhumatoïde