Voici ce que vous devez savoir
Une étude réalisée en 2021 a examiné de manière systématique les données de près de 200 essais cliniques sur l’efficacité et l’innocuité des analgésiques offerts et utilisés dans le traitement de l’arthrose, y compris 90 formulations et dosages. Le diclofénac appliqué sur la peau semblait être la meilleure option contre l’arthrose du genou. Il est important de noter que les inconvénients potentiels du traitement à base d’opioïdes l’emportent sur les avantages.
Sur quoi porte cette recherche?
Plus de quatre millions de Canadiens vivent avec l’arthrose. Comme il n’y a aucun moyen de guérir cette maladie, les traitements actuels visent principalement à soulager la douleur. La plupart des personnes atteintes d’arthrose se voient prescrire des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ou des opioïdes comme analgésiques. Les opioïdes sont encore souvent prescrits malgré les risques connus de nocivité. Une évaluation individuelle des analgésiques – à quelles doses et sous quelles formes – offrant le meilleur équilibre entre innocuité et efficacité était nécessaire afin de guider la pratique clinique.
Qu’ont fait les chercheurs?
Bruno da Costa, Ph. D., et son équipe, dont Pavlos Bobos, Ph. D., boursier postdoctoral, procèdent à une analyse critique approfondie des données cliniques de haute qualité sur toutes les principales approches thérapeutiques non chirurgicales de l’arthrose. Dans cette étude, ils ont utilisé des techniques statistiques évoluées afin d’analyser les données publiées depuis des décennies sur plus de 100 000 patients atteints d’arthrose et traités par AINS, opioïdes ou acétaminophène pour soulager la douleur. Cela leur a permis d’évaluer les avantages et les risques associés à chaque traitement.
Qu’en est-il ressorti?
Sur les 90 traitements évalués, deux AINS (l’étoricoxib 60 mg/jour et le diclofénac 150 mg/jour) se sont révélés être parmi les meilleures options pour la plupart des personnes atteintes d’arthrose, mais pas pour une utilisation à long terme ni pour les personnes ayant certains autres problèmes de santé. Pour les personnes atteintes d’arthrose du genou, la meilleure option était le diclofénac (70-81 mg/jour) appliqué sur la peau, bien que ce traitement n’ait pas été étudié pour les autres articulations. Dans le cas de tous les opioïdes étudiés, les risques de dommages l’emportent sur les avantages.
Comment les conclusions de cette recherche pourront-elles être utilisées?
Cette recherche fournit une base de données probantes actualisée, dont on avait grand besoin, pour la création de lignes directrices cliniques afin d’aider les médecins et les patients à choisir la meilleure option parmi la vaste gamme de traitements possibles pour la douleur liée à l’arthrose. Elle remet également en question l’utilisation des opioïdes – qui peuvent augmenter le risque de fractures des os, de problèmes cardiaques, de dépendance aux opioïdes et de décès – lors de la prise en charge de la douleur liée à l’arthrose.
En tant que personne ayant reçu un diagnostic d’arthrose grave à un jeune âge, l’utilisation à long terme de médicaments antidouleur et leurs effets secondaires respectifs sont préoccupants. Il est important de trouver d’autres options et des moyens très sécuritaires de gérer la douleur à long terme. Cette recherche pourrait aider à formuler de nouvelles stratégies de gestion de l’arthrose. »
— Lisa Ewasiuk, membre de la table ronde de consommateurs en ligne de la Société de l’arthrite du Canada
Quelle incidence aura cette recherche?
Cette recherche, qui a été publiée dans une revue médicale qui génère des retombées importantes, a déjà fait impression sur les communautés de chercheurs et de médecins, puisqu’elle a été consultée en ligne plus de 25 000 fois et mentionnée sur les médias sociaux plus de 200 fois.
En fournissant aux professionnels de la santé la synthèse des données probantes nécessaires à la création de lignes directrices cliniques fondées sur la science, cet ensemble de travaux aidera à façonner l’avenir de la médecine de précision pour l’arthrose, c’est-à-dire à choisir le bon traitement, pour le bon patient, au bon moment. Les plans de traitement utilisant la dose efficace la plus faible d’un analgésique avec le risque le plus faible d’effets secondaires nocifs pour l’état de santé général d’un patient pourraient finalement changer sa vie.
À propos des chercheurs
Bruno da Costa, Ph. D., est un chercheur dans le domaine de l’épidémiologie clinique et un biostatisticien. En 2017, il a mis sur pied son programme de recherche sur l’efficacité comparative des traitements en tant que scientifique à l’hôpital St. Michael’s et professeur adjoint à l’Université de Toronto. La Société de l’arthrite du Canada a fièrement soutenu Bruno da Costa, Ph. D., en début de carrière à l’aide d’une subvention de fonctionnement pour jeunes chercheurs. Pavlos Bobos, Ph. D. est un boursier postdoctoral qui bénéficie d’une bourse de formation versée par la Société de l’arthrite du Canada.
Nous avons constaté que même les doses quotidiennes maximales recommandées d’opioïdes n’ont pas d’effet pertinent sur la douleur liée à l’arthrose. Il était également intéressant de voir que des doses plus faibles de l’AINS diclofénac topique (comme Voltaren) ont un effet bénéfique similaire à celui des AINS oraux les plus efficaces contre l’arthrose du genou, mais seraient plus sécuritaires que les pilules pour les patients atteints de maladies gastro-intestinales ou cardiovasculaires, ou frêles. »
— Bruno da Costa, Ph. D., hôpital St. Michael’s
Citation de la publication
da Costa BR, Pereira TV, Saadat P, Rudnicki M, Iskander SM, Bodmer NS, Bobos P, Gao L, Kiyomoto HD, Montezuma T, Almeida MO, Cheng PS, Hincapié CA, Hari R, Sutton AJ, Tugwell P, Hawker GA, Jüni P. Effectiveness and safety of non-steroidal anti-inflammatory drugs and opioid treatment for knee and hip osteoarthritis: network meta-analysis (Efficacité et sécurité des anti-inflammatoires non stéroïdiens et du traitement à base d’opioïdes pour l’arthrose du genou et de la hanche : méta-analyse en réseau). BMJ. 2021;375:n2321.
La recherche à la Société de l’arthrite du Canada
Grâce à la confiance et au soutien de ses donateurs et de ses partenaires, la Société de l’arthrite du Canada est la plus importante source caritative de financement pour la recherche de pointe sur l’arthrite au pays, ayant investi plus de 220 millions de dollars depuis sa création. Ces projets ont mené à des percées en matière de diagnostic, de traitement et de soins des personnes atteintes d’arthrite. Visitez notre site à arthrite.ca/recherche.