Sur quoi cette recherche porte-t-elle?
L’arthrose est la forme d’arthrite la plus courante, et jusqu’à cinq millions de Canadiens vivent avec ses effets débilitants. Bien que certains médicaments et habitudes de vie peuvent aider à gérer les symptômes, l’amélioration des traitements est nécessaire. Les chercheurs ont commencé à étudier les possibilités offertes par l’injection de cellules isolées et expansées de la moelle osseuse dans l’articulation du patient, mais ils ne savaient pas comment les cellules fonctionnaient en tant que thérapie dans le corps, quelle dose il convenait d’utiliser, ni quels patients étaient les plus susceptibles de bien répondre au traitement.
Qu’ont fait les chercheurs?
Sowmya Viswanathan, Ph. D., et son équipe ont mené le premier essai clinique au Canada de cette thérapie cellulaire auprès de 12 patients atteints d’une arthrose modérée à avancée. Des cellules spéciales ont été retirées d’une cuillère à table de moelle osseuse prélevée chez chaque patient, expansées en culture et testées en laboratoire pour en évaluer leur qualité, l’innocuité et la puissance. (L’activité de gènes clés a aussi été étudiée.) Elles ont ensuite été administrées en une seule injection dans le genou blessé de la même personne, au moyen d’ultrasons. Puis, les chercheurs ont suivi les symptômes des patients ainsi que ce qui se passait dans leurs corps pendant un an.
Qu’en est-il ressorti?
Le traitement novateur s’est avéré sûr et efficace pour réduire la douleur et la raideur, et améliorer la qualité de vie une année après l’injection. Dans le corps, les cellules injectées semblaient fonctionner en réduisant l’inflammation et en modulant les cellules pro-inflammatoires immunitaires dans l’articulation. Injecter des cellules chez qui les tests en laboratoire ont permis de déceler un profil génétique anti-inflammatoire a mené à l’amélioration des réponses des patients.
Quelle est l’utilité de cette recherche?
Cette étude canadienne pionnière a établi le profil d’innocuité initial de cette nouvelle thérapie cellulaire potentielle pour le traitement de l’arthrose du genou, étape nécessaire avant de commencer des essais cliniques plus larges pour confirmer son efficacité. C’était le premier essai à étudier le fonctionnement des cellules injectées dans l’articulation, et le premier à montrer comment le profil génétique des cellules peut être utilisé pour prédire si le traitement aidera un patient en particulier. Ces résultats peuvent être utilisés durant la prochaine phase d’essais cliniques afin d’augmenter l’efficacité de la « nouvelle génération » de thérapies cellulaires et de choisir les patients qui y répondront le mieux. Cela permettra ensuite de mettre au point de soins plus personnalisés et précis — le meilleur traitement pour chaque patient, au bon moment.
Cette étude démontre que les chercheurs canadiens sont des chefs de file dans le domaine de la thérapie cellulaire pour traiter l’arthrite. Bien que cet essai ait été mené sur un petit groupe de personnes atteintes d’arthrose du genou en stade avancé, elle fournit une base de preuve que les chercheurs peuvent développer afin d’évaluer l’efficacité de la thérapie dans des cas d’arthrose du genou en stades moins avancés, d’arthrose touchant d’autres articulations et d’autres types d’arthrite
Quelle incidence cette recherche pourrait-elle avoir?
Les répercussions de l’arthrose peuvent varier grandement. Pour les personnes atteintes d’une arthrose sévère, les effets de la maladie peuvent être dévastateurs. Si cette thérapie cellulaire continue de se montrer prometteuse durant les phases rigoureuses des essais cliniques et de l’approbation réglementaire au Canada, elle pourrait grandement changer la donne. En réduisant l’inflammation et la douleur, et en permettant aux gens de retrouver leur mobilité et leur qualité de vie au moyen d’une seule injection de cellules, on pourrait redonner aux personnes souffrant de l’arthrose du genou la vie que la maladie les empêche de vivre.
À propos des chercheurs
Sowmya Viswanathan, Ph. D., est scientifique en chef à l’Institut de recherche Krembil du Réseau universitaire de santé et professeure agrégée à l’Université de Toronto. En 2015, la Société de l’arthrite du Canada lui a accordé la première subvention de sa carrière, une bourse salariale pour jeune chercheur qui a permis de soutenir cette recherche. La même année, Alejandro Gomez-Aristizabal, Ph. D., un coauteur de cette étude, a reçu une bourse de recherche postdoctorale de la Société. Plusieurs autres stagiaires du laboratoire de Mme Viswanathan ont reçu des subventions de formation de la Société de l’arthrite du Canada, dont les étudiants au doctorat Mable Chan et Kevin Robb, et le boursier postdoctoral Razieh Rabani, Ph. D.
Réflexion de la chercheuse
Cet essai a été le premier à vraiment montrer le fonctionnement des cellules chez le patient. Il est aussi important de noter que différentes cellules prélevées chez le même patient fonctionnaient différemment. Voir cela dans nos données, même avec un échantillon aussi petit, était frappant. Nous travaillons maintenant à améliorer l’activité des cellules pour obtenir ce que nous espérons être de meilleures réponses dans le contexte de l’arthrose.
– Sowmya Viswanathan, Ph. D., Réseau universitaire de santé
Réaction dans le vrai monde
À cause de l’arthrose dans mon genou droit, j’ai mal quand je bouge et cela a vraiment réduit mes activités. J’ai essayé divers anti-inflammatoires, j’ai subi une chirurgie arthroscopique et finalement une arthrose totale du genou. La capacité d’utiliser mes propres cellules pour réduire l’inflammation aurait pu m’épargner deux chirurgies et beaucoup de douleur!
– Mary Lou Boudreau, membre d’une table ronde de consommateurs en ligne de la Société de l’arthrite du Canada