Les jeunes adultes qui vivent avec l’arthrite font face à des défis particuliers. Que ce soit pour terminer les études, commencer un nouvel emploi ou gérer les relations affectives, cette section vous fournira des astuces et des stratégies d’adaptation pour vous aider à mener la meilleure vie possible.
Découvrez des conseils et des stratégies pour vous aider à gérer votre arthrite au quotidien, notamment en prenant soin de votre santé physique et mentale, en vous épanouissant à l’école et au travail, en faisant des rencontres, en ayant des relations interpersonnelles et de l’intimité, ainsi qu’en planifiant de fonder une famille.
Rencontrez le panel de jeunes adultes

Voici Dina-Marie
Dina-Marie a reçu son diagnostic de sclérodermie à l’âge de 19 ans. Dans ses temps libres, elle aime cuisiner, lire et dormir parce qu’« on ne dort jamais assez! ». Dina-Marie a choisi de nous faire part de son histoire dans l’espoir d’avoir un impact sur les personnes qui relèvent les mêmes défis. Avant tout, elle veut exprimer que nul n’est seul.

Voici Kiah
Kiah a reçu son diagnostic de lupus érythémateux disséminé (LED) à l’âge de 17 ans. Dans ses temps libres, elle aime jouer aux Sims, regarder HGTV (car elle a une passion pour le design) et apprendre le mandarin. Pour Kiah, la présente ressource est une source d’inspiration puisqu’elle met en valeur des personnes qui vivent avec l’arthrite et qui atteignent leurs objectifs. Comme elle le dit : « tout est possible avec le bon soutien ».

Voici Cristina
Cristina, âgée de 38 ans, a reçu son diagnostic de polyarthrite rhumatoïde (PR) et du syndrome de Sjögren à l’âge de 21 ans. Dans ses temps libres, Christina aime lire des thrillers psychologiques, pratiquer la Zumba, cuisiner, s’informer sur le cannabis médicinal et bien sûr, jouer avec son fils. En racontant son histoire, Cristina espère inspirer les jeunes guerriers de l’arthrite à profiter pleinement de la vie malgré leur maladie chronique.

Voici Allyson
Allyson, âgée de 35 ans, a reçu son diagnostic de spondylarthrite ankylosante à l’âge de 27 ans. Allyson aime voyager vers de nouveaux endroits et profiter de la nature. En racontant son histoire, elle espère aider d’autres personnes qui font peut-être face à un nouveau diagnostic ou qui veulent simplement savoir qu’elles ne sont pas seules à vivre cela. Allyson veut que les jeunes adultes sachent que, malgré les défis posés par l’arthrite, ils peuvent encore réaliser leurs rêves.

Voici Jillian
Jill, âgée de 31 ans, a reçu son diagnostic de polyarthrite rhumatoïde à l’âge de 25 ans. Faire de l’exercice et passer du temps avec sa famille et ses amis sont ses activités préférées. Jill espère que la présente ressource aidera ou inspirera d’autres jeunes adultes comme elle à échanger entre eux.

Voici James
James, âgé de 30 ans, a reçu son diagnostic de spondylarthrite ankylosante à l’âge de 23 ans. Dans ses temps libres, il aime cuisiner des plats délicieux et mixer des sons. Grâce à la présente ressource, James espère sensibiliser les gens au fait que « les maladies arthritiques touchent les adultes de tous âges », et qu’il s’agit d’une étape vers « la compréhension que l’inflammation cause beaucoup de douleur dans le quotidien des gens ».

Voici Jennifer
Jennifer, âgée de 27 ans, a reçu son diagnostic de spondylarthrite axiale avec certaines manifestations périphériques à l’âge de 23 ans. Dans ses temps libres, Jennifer aime faire de la randonnée, du canot, du kayak, du ski de fond, de la raquette et du patinage. Elle aime voyager et tout ce qui concerne la nature. Jennifer croit que cela vaut la peine de faire part de son histoire si son expérience peut aider d’autres gens de quelque façon que ce soit.
Voici nos intervieweuses
Joy, âgée de 32 ans, a reçu son diagnostic de lupus érythémateux disséminé à l’âge de 22 ans. Durant ses temps libres, elle aime danser, chanter et jouer la guitare. Joy s’est portée volontaire comme intervieweuse, car après avoir reçu son diagnostic il y a 10 ans, elle a trouvé difficile l’accès au soutien de ses pairs. Elle espère avant tout que la présente ressource apportera du soutien aux jeunes adultes atteints d’arthrite inflammatoire.
S’adapter aux changements de vie
Depuis votre diagnostic, avez-vous dû faire des ajustements importants dans votre vie? Si oui, quels sont-ils et quelles stratégies vous ont aidé à vous y adapter?
Kiah: Je trouve que je suis devenue plus détendue et je vis sans crainte. Beaucoup de gens disent : « Oh, je vais juste attendre quelques années jusqu’à ce que j’aie une vie plus stable, puis je vais faire ceci, faire cela. » Je suis devenue le genre de personne qui saute sur les occasions dès qu’elles se présentent. J’ai fait cinq ans d’études de premier cycle. Dans ma quatrième année, l’occasion d’aller en Angleterre pour un stage s’est présentée. J’en ai profité et j’y suis allée. Ma mère m’a dit : « Pourquoi ne pas attendre un an? Quand tu auras ton diplôme, tu pourras peut-être même vivre là-bas? » Je me suis dit que tout peut arriver en un an, alors j’ai juste sauté sur l’occasion. Je me suis renseignée sur tout ce dont j’avais besoin de savoir pour vivre là-bas, et j’ai déménagé là pendant quelques mois. Je suis devenue plus spontanée, je vis le moment présent et je fais des choses qui me rendent vraiment heureuse au lieu d’hésiter face à des situations qui vont me procurer du bonheur. Je ne pense plus aux gains matériels ou à rendre les autres personnes heureuses.
Jillian: Je pense que l’un des plus grands ajustements que j’ai dû faire était d’y aller mollo au beau milieu de la vingtaine, pendant que je profitais de la meilleure partie de ma vie. Ça a eu un impact sur mon cercle social aussi. Ce qui m’importait, c’était d’aller aux endroits branchés de Toronto et les restaurants, de prendre un verre après le travail. C’était très difficile au début; j’ai l’impression d’avoir raté beaucoup de choses. Même quand j’arrivais à sortir, j’étais tellement coincée au début, et je le suis encore parfois, parce que je suis là, dans ma tête, à me dire : « Je ne veux pas tomber malade » et « Je devrais aller me coucher maintenant, sinon, je vais être épuisée. » C’est mon état d’esprit ces temps-ci, et c’est parfois un peu agaçant.
Je pense que c’est surtout ce genre de choses que j’ai dû sacrifier : manquer des occasions de sorties et de devoir prendre ça relax. Mais en même temps, ça m’a probablement vraiment aidé avec ma rémission. Vous savez, je me suis concentrée sur différentes choses comme m’entraîner. En bout de ligne, il y a des avantages et des désavantages, mais je pense que l’une des choses qui m’ont le plus dévastée était de ne pas pouvoir sortir célébrer mon 25e anniversaire. À la place, je suis restée pleurer à la maison. Je ne pouvais pas sortir; quand je sortais, je voulais toujours rentrer. Je quittais Toronto tous les week-ends et mon amie pouvait faire la fête dans notre condo ou sortir avec des amis, et moi, je rentrais chez ma mère et je pleurais. J’ai donc l’impression d’avoir perdu quelques années. Mais j’ai aussi profité de ma vingtaine comme j’ai pu, et j’ai passé de très beaux moments avec mes amis quand j’ai pu.
Allyson: Oh wow! Oui, je pense que ma vie a été chamboulée. Avant de tomber malade, j’étais très concentrée sur ma carrière et je travaillais beaucoup, j’allais à l’école. Voilà. C’était mon principal objectif. Après être tombée malade et ne plus pouvoir continuer à travailler — vraiment, je n’en pouvais plus, je n’avais pas l’énergie de le faire — je me suis réellement posé la question : mais quel est mon but dans la vie? Ça m’a fait remettre en question ce que je fais et la raison pour laquelle je suis là. C’est à ce moment-là que je me suis tournée vers la religion. Je sentais que je devais trouver une façon différente d’aborder ma vie. J’ai carrément changé ma vie après ça. C’est certainement le plus grand tournant que j’ai pris. Eh oui, comme je l’ai dit, avec ma carrière, même si je me dirige pas mal dans la même direction que je voulais au départ, je pense que le côté social, ma famille et mes priorités ont beaucoup changé. J’ai passé de me concentrer strictement sur ma carrière à me dire qu’il y a d’autres choses qui sont plus importantes dans la vie que le travail. Mon conseil serait de ne pas perdre espoir et qu’on peut suivre un chemin différent, ça peut même amener du positif dans la vie. Donc, même si on est malade et que c’est difficile, c’est peut-être ce dont on a besoin pour nous pousser à faire des changements positifs. Ça a définitivement été le cas pour moi. Ça m’a forcé à faire beaucoup de changements positifs qui étaient à mon avantage.
L’arthrite et la santé mentale
Jillian: Je pense que surtout au début, ça m’a vraiment affecté. J’étais terrifiée. J’avais fait des recherches et j’ai « googlé » des choses… J’ai pensé au pire des scénarios, ce que j’ai tendance à faire. J’ai des problèmes d’anxiété assez graves et ça s’est vraiment empiré après la mort de mon ami. Et puis, avec ce diagnostic, je me suis dit : « Mon ami est mort, je suis atteinte de polyarthrite rhumatoïde. Mais qui d’autre a cette maladie? Qui fait face à tout ça? Pourquoi moi? »
J’ai l’impression qu’au début, c’était assez difficile. Et bon, maintenant que je me suis mise dans le bain, ça se passe bien, mais ce qui me dérange dernièrement c’est vraiment les discussions par rapport aux enfants. Ça provoque quand même un stress intense. Mentalement, je me dis : « Est-ce que je veux faire ça? » Je ne sais pas. J’ai tellement peur d’arrêter mes médicaments. Et si j’ai une poussée? Et si je ne peux pas tenir mon enfant? Plein d’idées me traversent la tête. Donc je trouve que c’est définitivement très dur au niveau mental. Et il n’y a pas grand-chose que je puisse faire, donc encore une fois, j’essaie juste de méditer et de travailler pour me détendre. Ma maladie a certainement eu un impact sur ma santé mentale.
Dina-Marie: C’est au niveau de ma relation que ma maladie m’a affectée mentalement et physiquement. Elle a eu une incidence sur la façon dont je me perçois dans mes relations, si vous voyez ce que je veux dire. J’ai parfois l’impression que tout le monde a juste tendance à voir mes attributs physiques (l’arthrite et la sclérodermie), donc je ne m’apprécie pas vraiment lorsque je me regarde dans le miroir, et cela a eu un impact sur mon image de moi. J’ai un conjoint qui me soutient beaucoup et qui me dit : « Tu sais, tais-toi, tu es belle », et des choses comme ça. J’ai remarqué, surtout avec la sclérodermie, la façon dont la structure de mon visage a changé. Tout s’est endurci à cause de l’accumulation de l’excès de collagène. Mes mains ne fonctionnent pas « normalement », je suppose, et j’ai du mal avec à peu près tout à cause de la peau durcie sur mon corps entier. J’ai donc toujours l’impression que je ne peux pas satisfaire mon partenaire comme la plupart des femmes « normales » sont capables de le faire. Mais je sais que c’est plutôt une perception mentale, parce que c’est plutôt la façon dont je me vois et pas la façon dont il me voit, si vous voyez ce que je veux dire. C’est donc une des façons dont la maladie m’a énormément affectée. Et je vais devoir lutter continuellement pour surmonter ce petit obstacle.
Choix de carrière
Jennifer: En commençant l’université, mon objectif était d’obtenir mon baccalauréat avec mention en travail social. Malgré mon arthrite, j’ai atteint mon objectif. C’était un défi, car j’ai dû apprendre à gérer mes cours sur le campus, mes devoirs, mes travaux ménagers, mes relations, mes rendez-vous médicaux et mes symptômes. Heureusement, j’ai parlé à certains professeurs qui ont été incroyablement compréhensifs et qui m’ont aidé quand j’en avais besoin. Ce n’est pas tous les professeurs qui sont comme ça par contre, alors je recommande fortement de s’informer sur les services d’accessibilité de votre école afin de bénéficier d’un accommodement ou d’un soutien supplémentaire tout au long de votre parcours scolaire. Ils ont une obligation légale de permettre aux étudiants atteints d’un handicap ou ayant des problèmes de santé de recevoir lesdits services et opportunités.
À l’approche de la fin de mes études de premier cycle, j’ai décidé de poursuivre mes études avec une maîtrise en travail social à la même université pour m’ouvrir plus de portes. Encore une fois, l’arthrite n’a pas empêchée d’atteindre cet objectif. Je me suis toutefois rendu compte, au cours de cette période, que je ne serai probablement pas en mesure de travailler dans mon domaine dans la même mesure que certains de mes pairs « en santé ». Travailler à temps plein était épuisant et c’était presque impossible d’avoir une vie en dehors du travail. Par conséquent, j’ai commencé à travailler à temps partiel seulement et, finalement, j’ai pu trouver deux ou trois emplois à temps partiel qui m’ont permis de travailler à partir de la maison avec un horaire flexible ou avec des mesures d’adaptation. Ça me permet de modifier mon horaire afin de travailler en dehors de mes rendez-vous médicaux et de mes traitements, sans avoir à abandonner le domaine que j’aime. Quand on éprouve des difficultés au travail, il est souvent bon de parler à son employeur de mesures d’adaptation pour pouvoir continuer à accomplir le travail requis.
Malgré les limites, il y a de nombreuses façons de réaliser ses objectifs. Il est parfois essentiel de demander des mesures d’adaptation en milieu de travail ou des services d’accessibilité pour atteindre ses buts en tant qu’étudiant ou professionnel.
Kiah: Quand j’étais plus jeune, j’hésitais entre devenir psychologue pour enfants ou archéologue, mais après avoir reçu un diagnostic de lupus, j’ai su que je ne peux pas être au soleil trop longtemps et je ne peux pas trop exercer de pression sur mon corps non plus. J’ai toujours besoin de me trouver à des endroits où j’ai facilement accès à des spécialistes et des médecins, parce qu’à tout moment, je pourrais avoir une poussée. Je ne peux pas toujours être debout longtemps à cause des douleurs articulaires et à cause de mon arthrite. J’ai dû oublier l’idée de devenir archéologue et essayer de trouver d’autres options de carrière. J’ai eu la chance de n’avoir que 17 ans et de ne pas encore avoir commencé l’université. Donc, ce n’était pas comme si j’avais déjà investi beaucoup d’argent et de temps dans quelque chose pour finalement me retrouver à chercher autre chose. J’ai décidé d’étudier la psychologie à l’Université de la Colombie-Britannique. Par la suite, j’ai aussi étudié en anthropologie et j’ai obtenu une double mention. J’ai aussi à cœur d’aider les enfants, en particulier les jeunes à risque et ceux qui vivent dans la pauvreté, pour les aider à faire des choix judicieux et à surmonter les défis qui les retiennent. Mon rêve serait de travailler dans un camp de réfugiés, car je serais toujours près de médecins professionnels tout en étant capable de faire ce que j’aime. Donc, en ce moment, je suis en train d’acquérir toute cette expérience pour pouvoir trouver le poste idéal et voyager. Ça me permettra de faire ce que je veux faire, avec quelques ajustements, pour répondre à tous mes besoins médicaux.
Allyson: Avant, je travaillais de longues heures dans un cabinet d’avocats. Je terminais mes études à temps partiel. Je voulais obtenir mon diplôme en comptabilité et en gestion des affaires, et poursuivre des études en droit. [Après avoir perdu mon emploi parce que j’ai avoué ma maladie,] j’ai laissé faire l’idée des études en droit. Mais je m’efforce vraiment à obtenir mon titre de comptable et de travailler dans ce domaine. J’effectue mon stage à la CIBC, ce qui est excitant. L’événement [de réseautage pour les personnes atteintes d’un handicap] auquel j’ai assisté s’appelait Lime Connect. Ils aident beaucoup si vous voulez travailler dans le monde des affaires. J’ai fini par obtenir une entrevue pour un stage d’été. Je n’ai pas vraiment compris en quoi consistait le poste avant la troisième ou la quatrième semaine de travail, à peu près, mais je suis vraiment heureuse parce que c’est dans le domaine de la gestion des risques. Il s’agit en fait de comprendre les lois qui régissent le secteur financier. Je suis donc maintenant dans le domaine juridique, mais il s’agit aussi de chiffres et de comptabilité en même temps. Alors, c’est une combinaison des deux. Il y a plusieurs différents rôles dans ce domaine. Je pense donc que cela a changé mon objectif, mais je ressens toujours la même passion pour les choses que j’aimais avant de tomber malade. Ça a juste en quelque sorte changé mon point de vue, changé où je veux me trouver et les types d’entreprises pour lesquelles je veux travailler. Tout le monde sait que les avocats travaillent un nombre d’heures ridicule et je savais que je ne pouvais plus faire ça. Ce n’était pas réaliste pour moi, et même à ça, certaines personnes essaient de me faire peur avec les postes de comptables, parce que dans les grands cabinets de comptables, c’est un peu la même chose. Mais avec beaucoup de réseautage, on découvre beaucoup d’emplois dans son domaine d’expertise dont on ignorait l’existence.
J’ai découvert que je peux toujours faire ce que je veux, même si je pensais ne pas en être capable avant. Mais il faut trouver un créneau qui nous convient et se dire : « Bon, voici ce dont je suis capable : quels sont les emplois que je peux accomplir dans ce domaine qui me permettront toujours d’avoir un équilibre entre le travail et ma vie personnelle et qui ne m’épuiseront pas? » Je pense que la chose la plus importante pour les gens atteints de notre type de maladie est juste de comprendre leurs limites, de ne pas renoncer à leurs passions à cause de ces limites. On peut quand même vivre nos passions. Il faudra peut-être juste trouver une autre façon de le faire : chercher des entreprises qui prennent l’initiative de soutenir les personnes atteintes d’un handicap et qui souhaite les accommoder, participer à des événements de réseautage qui vous mettent en contact avec de telles entreprises, faire des recherches sur les entreprises auxquelles on postule et être sélectif. Je pense que c’est ce qu’il y a de mieux et ça mènera ainsi à une expérience plus positive.
James: Eh bien, la première question que j’ai posée quand j’ai reçu mon diagnostic était : « Est-ce que ça affecte les oreilles? » C’est tout ce qui m’importe vraiment. J’étais heureux d’entendre que la réponse est non.
Apprendre à jouer du piano a été difficile parce qu’il faut le pratiquer au quotidien. J’ai commencé à jouer, puis j’avais très mal aux doigts, alors je me suis adapté et j’utilise des ordinateurs qui peuvent le faire pour moi.
[Actuellement, travailler à la maison signifie que je n’ai pas accès à] nos chaises de bureau, alors je fais face à des problèmes ergonomiques aussi. J’ai dû acheter des coussins pour ma chaise. Alors ce sont des choses comme ça : le confort au travail. Ça a toujours été un défi. Je dois prendre des pauses. Du moins, à mon ancien travail, je prenais des pauses et j’allais prendre une marche. Et je [m’en fiche si mon patron a] un problème avec ça (rires). À part ça, ça n’affecte pas mes oreilles, donc ça devrait aller.
Stratégies d’adaptation
Quelles stratégies vous ont le plus aidée à apprendre à gérer votre arthrite?
Jennifer:
Il faut beaucoup de force et de courage pour faire face à cette maladie chaque jour, au niveau mental et physique. À mon avis, il s’agit de trouver le juste équilibre entre écouter son corps et ne pas laisser la maladie vous empêcher de vivre votre vie et d’atteindre vos objectifs. Il est également essentiel d’avoir la bonne équipe médicale et le bon plan de traitement. C’était une très longue période d’essai et d’erreur, ce processus exige donc beaucoup de dévouement et de patience. J’ai réussi à trouver du soulagement avec des médicaments immunosuppresseurs, des antirhumatismaux modificateurs de maladie, des corticostéroïdes et certaines vitamines/suppléments. J’ai également dû trouver le bon équilibre entre le repos et l’exercice. J’ai dû apprendre, par exemple, qu’une journée d’activités peut exiger plusieurs heures de repos le lendemain. C’est un mode de vie auquel j’ai dû m’habituer, mais avec le temps, j’ai acquis beaucoup de force et d’endurance. J’essaie habituellement de pratiquer des exercices à faible impact.
Il s’agit aussi de prendre soin de soi-même et d’être gentil avec soi-même. Sachez que vous aurez de mauvaises journées, mais ne vous en faites pas. Il est important de vous permettre d’avoir ces mauvaises journées. Y aller un jour à la fois ou même une heure à la fois est parfois essentiel. La musique a aussi été une grande source de motivation pour moi. Trouver des chansons qui vous pousseront et vous motiveront à continuer de bouger vous aidera durant les jours un peu plus difficiles.
Finalement, rencontrer d’autres jeunes adultes qui vivent avec des maladies similaires m’a également aidée. J’ai eu l’occasion de rencontrer certains d’entre eux en personne et d’autres seulement en ligne sur des groupes de soutien liés à l’arthrite. Non seulement nous pouvons nous comprendre et parler des façons dont nous composons avec la maladie et le système de soins de santé, mais nous trouvons aussi de l’humour dans nos défis. Raconter des blagues sur la « vie avec l’arthrite » suscite beaucoup de rires, ce qui m’aide à faire face aux obstacles quotidiens.
Avouer sa maladie
James: Avec la famille, ça a été facile et je m’y attendais. Pour les amis, c’est souvent une surprise d’apprendre que quelqu’un d’aussi jeune puisse être atteint d’arthrite. On me dit toujours : « Oh, je pensais que l’arthrite c’était pour les personnes âgées. » Ensuite, je suppose que l’autre catégorie est celle des employeurs et des collègues. Leurs réactions peuvent être très similaires à celles de vos amis. Souvent, ils commencent par dire : « Qu’est-ce que ça veut dire? » et ensuite : « Wow, je suis surpris que les jeunes puissent avoir l’arthrite. » Mais au travail, il faut vraiment leur parler et leur expliquer : « Voici comment cela pourrait m’impacter au travail ». Mon dernier emploi consistait à enregistrer des sons et j’avais à marcher, à faire de la randonnée et à voyager beaucoup. Évidemment, quand je vivais une mauvaise journée, c’était difficile. Donc, j’ai dû [être honnête et] dire à mon patron : « Si c’est très occupé au travail et que ça tombe sur une mauvaise journée, ça affectera ma productivité. »
Cristina: Les expériences les plus difficiles ont probablement eu lieu en Colombie lorsque j’ai nouvellement reçu mon diagnostic et que mon premier emploi me demandait de marcher beaucoup parce que nous nous promenions dans les collectivités défavorisées de la ville. Je pense que c’est probablement lorsque je traversais une dépression que mon patron, qui était l’un de mes anciens professeurs, m’a dit : « Tu sais Cristina, je sais que tu es extrêmement professionnelle et très intelligente, mais je ne peux pas renouveler ton contrat à cause de ta maladie. » Ça m’a dévasté. J’avais l’habitude de faire beaucoup de recherche à l’université, alors un de mes mentors m’a dit : « Eh bien, j’ai un poste d’adjointe à la recherche d’ouvert, voudrais-tu l’occuper? » C’était un emploi plus facile. C’était un genre de travail de bureau. Je n’avais pas à me déplacer et j’ai même pu enseigner à l’école. C’était un vrai plaisir. Mais encore une fois, les quelques jours où j’étais vraiment malade, mon patron et mentor m’a dit : « Bon, alors faut-il embaucher un employé à temps partiel pour couvrir tes heures maintenant? » Argh! C’était horrible.
À cause de ces expériences, j’ai eu très peur de dire à mes employeurs ici au Canada que j’étais atteinte de PR. J’étais une nouvelle immigrante et je voulais travailler. Finalement, ils m’ont tellement soutenue lors de mon premier emploi. Puis j’ai commencé à me sentir plus à l’aise et j’ai pensé que le Canada n’était peut-être pas aussi pire que chez nous. Pour ce premier emploi, je voyageais encore beaucoup. En tant que diététiste, je visitais des foyers de soins de longue durée et des hôpitaux. Donc, je voulais un emploi à temps plein où je devais voyager qu’à un seul endroit. Puis une occasion de travail s’est présentée avec le ministère de la Santé à l’époque. J’ai tout avoué, je leur ai dit : « Vous savez, je suis atteinte d’arthrite », et ils m’ont quand même embauchée. J’ai pensé : « Vraiment? » Depuis l’embauche, même s’ils sont au courant de mon arthrite, je ressens toujours cette pression quand je prends un congé de maladie. J’ai toujours beaucoup parlé de mon état de santé et je dénoncerai tout acte de discrimination, et ils savent. J’ai vécu une expérience différente des autres et je n’ai pas peur d’en parler, mais je vois quand même tout cela comme étant un obstacle.
Obtenir un diagnostic
Dina-Marie: Je suppose qu’au moment de recevoir mon diagnostic [de sclérodermie], je me suis sentie soulagée, car j’ai finalement eu une réponse après des mois à ne pas savoir exactement ce qui n’allait pas, mais ma mère était aussi dans la pièce avec moi et cela a été beaucoup plus difficile pour elle, car je m’étais déjà un peu autodiagnostiquée. Bon, c’est un mensonge. Je l’ai mal pris, mais je ne l’ai pas montré parce que j’ai senti que je devais être forte pour ma famille et mes amis qui n’étaient pas vraiment capables de cacher leurs émotions quand je leur ai dit ce que j’avais. Donc, mon propre processus d’acceptation de mon arthrite et de ma sclérodermie s’est déroulé dans ma chambre, avec (c’est vraiment triste à dire) des crises de panique à deux heures du matin et plusieurs nuits et plusieurs mois à pleurer toute seule avant de m’endormir, jusqu’à accepter que ce soit correct de pleurer et que c’est normal de montrer de la faiblesse aussi.
[Qu’est-ce que je sais maintenant que j’aurais aimé apprendre à l’époque?]
Premièrement : éviter Google.
Deuxièmement, j’aurais aimé que quelqu’un me dise : « écoute ton corps autant que possible parce que tu vas vouloir te pousser à faire toutes les activités que tu faisais avant ton diagnostic, mais tu vas déplorer tout ce que tu as fait parce que ça va avoir entraîné des poussées ou parce que tu ne pourras pas sortir du lit : tu seras tout simplement trop épuisée parce que tu t’es surmenée la veille. » Alors, c’est question d’équilibre. Honnêtement, c’est une véritable expérience d’apprentissage, et je pense que ce sera toujours le cas. Recevoir un diagnostic d’arthrite et de maladies auto-immunes fait qu’on apprend au quotidien. C’est quelque chose d’incroyable.
Kiah: Oui [recevoir un diagnostic], c’était assez bizarre. Ma mère est atteinte de lupus, elle a reçu son diagnostic avant ma naissance, donc j’étais déjà familière avec la maladie ainsi qu’avec la plupart de ses symptômes. Avant mon diagnostic, mes articulations étaient enflées, j’avais des douleurs partout dans le corps, des douleurs thoraciques, de l’essoufflement, de la fièvre et de la toux. Au début, les médecins ne voulaient même pas essayer de déterminer si j’étais atteinte de lupus érythémateux disséminés (LED), parce qu’il ne s’agit pas d’une maladie héréditaire. Ils cherchaient toute autre possibilité, car ils se disaient qu’on ne pouvait pas assumer que j’étais atteinte de cette maladie juste à cause que ma mère l’était. Les chances que je l’aie étaient si minces qu’ils n’allaient pas perdre leur temps là-dessus. On m’a envoyé voir une spécialiste de la polyarthrite rhumatoïde et elle m’a dit : « On n’a rien à perdre, je vais te faire passer le test, et si c’est négatif, on en aura le cœur net ». J’ai ensuite été testée [pour le lupus] et le résultat était positif. C’est si rare ce qui s’est produit et je n’étais pas prête à ça. Alors oui, je savais que ce n’était pas la fin du monde parce que j’ai vu la façon dont ma mère vivait avec la maladie. Elle a traversé tellement d’obstacles, mais elle a accompli tellement de choses, et ça ne l’a pas vraiment empêchée d’avoir une bonne vie. Mais je me suis aussi dit « c’est nul », parce que ça changeait mes projets de vie.
Répercussions sur la vie familiale et sociale
Cristina: Mon mari m’a toujours soutenue. Il y a environ 15 ans, nous nous sommes rencontrés sur Internet. C’est au moment qu’il prévoyait voyager en Colombie [pour me voir], que j’ai reçu mon diagnostic. Je lui ai dit : « Tu sais que tu n’as pas à composer avec ça? C’est franchement beaucoup à prendre. » Selon moi, c’était trop. Il a dit que je lui plaisais vraiment et qu’il n’allait pas me laisser tomber. Il m’a beaucoup aidée. Juste le fait de m’avoir amenée ici [au Canada]. Ils sont une famille pakistanaise et ma belle-mère est venue me voir et m’a dit : « Non, nous allons prendre soin de toi et nous voulons nous assurer que tu vas bien aller. » Treize ans plus tard, nous vivons tous ensemble, ce qui est selon moi une bénédiction, car je n’ai pas l’énergie de tout faire et ils m’aident à faire face à mes défis.
Parfois, j’ai des difficultés avec ma vie intime. Je suis soit trop fatiguée ou c’est trop sec et ça fait mal. Je ne sais pas si les gens sont à l’aise d’en parler, mais c’est vraiment une partie importante des relations. Alors, c’est important pour moi et mon mari d’en parler. Il essaie d’y aller très doucement. Il est toujours question d’adaptation pour nous. Et l’un des principaux ajustements que j’ai dû faire dans ma vie était sans doute d’avoir mon enfant [tout en composant avec mon arthrite]. J’aimerais pouvoir avoir plus d’enfants, mais mes complications étaient si graves que je pense que si j’avais un autre bébé, j’en mourrais et laisserais deux enfants sans mère. J’ai donc dû prendre la décision de ne plus avoir d’enfants.
Jennifer: L’arthrite n’est pas perçue comme une maladie qui s’en prend aussi aux jeunes, alors j’ai dû consacrer un certain temps à éduquer ma famille et mes amis à ce sujet. Je crois qu’il est très important de t’entourer de personnes qui te soutiennent et qui te comprennent. Cependant, il est important de savoir qu’il pourrait être très difficile pour quelqu’un de comprendre s’il ne l’a jamais vécu lui-même, ce qui nécessite parfois de la patience. J’ai commencé à éprouver des symptômes de l’arthrite après avoir commencé l’université et avoir vécu toute seule (à l’extérieur de ma ville natale), alors ma famille a rarement été témoin de mes défis quotidiens. C’était aussi très effrayant parfois pour moi et pour eux, car j’éprouvais des symptômes très inhabituels et je n’avais personne près d’où j’étais pour m’accompagner lorsque j’avais besoin d’aller à l’urgence au milieu de la nuit.
Aussi, je devais vraiment planifier quand passer du temps avec des amis, si c’était même possible, car une semaine remplie de travaux scolaires, de cours sur le campus et de rendez-vous médicaux prenait le dessus et j’étais à bout. Je me sentais souvent incapable de participer à des rassemblements en soirée ou à certaines sorties parce que j’étais habituellement épuisée vers la fin de la journée. Quand je pouvais sortir, je sentais souvent une douleur insupportable, ce qui me rendait sûrement pas très agréable. Bien qu’à travers ce parcours, tu découvres qui sont tes vrais amis et qui est vraiment là pour toi durant les moments les plus difficiles.
Je suis très reconnaissante de mon fiancé qui me soutient énormément et qui est toujours prêt à m’aider autant qu’il le peut. L’arthrite est devenue un élément central de nos deux vies et, à certains égards, elle a vraiment un impact sur l’avenir de notre famille. Par exemple, la maladie et les traitements peuvent grandement influencer notre cheminement pour devenir parents. Nous avons un long chemin à parcourir, mais je suis certaine qu’il en vaudra la peine.
Répercussions positives
Quelles sont certaines choses positives ou stimulantes que vous avez apprises tout au long de votre parcours avec l’arthrite?
Jillian: Qu’on peut accomplir tout ce qu’on veut… Je m’excuse, je suis en train de monter une pente très raide en ce moment (rires). Je pense que [vivre avec la polyarthrite rhumatoïde] m’a vraiment aidée. En quelque sorte, je ne sais pas, ça m’a pas tout à fait appris l’humilité, mais ça m’a permis de prendre conscience de tellement de choses que les gens vivent et dont on ne se douterait même pas. Donc, je pense que ça fait partie de mon parcours. J’ai appris à prendre soin de moi, à prendre soin des autres et à faire preuve d’empathie. Et je crois que ma mère m’a vraiment été d’une aide précieuse. Elle rentre toujours dans ma bulle pour me dire : « Tu veux faire ça? Vas-y. Tu veux voyager? Tu veux t’entraîner? Tu veux postuler ce poste? » Elle me dit tout simplement : « Fais tout ce que tu veux. Ne laisse rien te mettre des bâtons dans les roues. » J’essaie donc de garder ça en tête : je dois avoir une carrière, bien réussir et être en bonne santé. Comme ça, vous savez, je vais composer avec cette maladie. Je pense que ma mère m’a vraiment aidée à prendre conscience de tout ça.
Cristina: Il y en a tellement. Ma relation avec ma mère était vraiment difficile durant mon enfance. D’une certaine façon, cette maladie a renforcé notre relation, et j’en étais vraiment reconnaissante. Je sais pas, c’est comme si j’avais rencontré ma mère de nouveau. J’aime bien cet aspect de ma maladie. Elle m’a aussi permis de croire aux secondes chances, parce que mon mari m’a donné une seconde chance en m’amenant ici pour que je puisse recevoir un traitement adéquat. Les gens sont très emphatiques ici au Canada… Ils sont réellement attentionnés quand on s’ouvre à eux. Du moins, les gens que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant. Par exemple, quand j’assiste à une séance Toastmasters, ils me donnent l’occasion de parler des façons dont je fais face à la maladie. C’est quelque chose d’inspirant pour eux. Ils me disent : « Oh, vous étiez si jeune et vous souffrez encore de douleurs, et vous composez avec tout ça avec le sourire, et vous riez et vous rigolez. » Donc, je pense qu’on apprend à voir les choses d’une façon positive. J’ai appris que la plupart de choses matérielles n’ont pas vraiment d’importance quand on n’a pas la santé. Je suppose que les priorités changent dans ce sens-là. On apprécie les petites choses avant tout et on ne sait pas ce que le lendemain nous réserve.
Alors oui, je ne pense plus être en colère. J’ai été bénie d’un garçon. J’ai eu mon enfant et j’ai senti un amour tellement profond que je n’avais jamais connu. C’est différent mais j’adore le fait de savoir que je suis fatiguée, mais que je dois continuer. Ça me va.