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Tenir tête à la douleur

Tenir tête à la douleur

Gabe Koury avait 30 ans lorsqu’il a reçu son diagnostic de spondylarthrite ankylosante (SA), forme d’arthrite qui affecte surtout la colonne vertébrale.

La colère est la première émotion qu’il a ressentie.

« J’étais furieux contre mon corps. La maladie n’était pas attribuable à un accident ou une blessure, c’est mon corps qui a décidé d’agir contre son propre bien. Je vais devoir lutter contre celui-ci pour le restant de ma vie. »

Gabe éprouvait depuis longtemps des douleurs au dos, mais en a fait fi pendant de nombreuses années. Il ressentait de la raideur musculaire et avait de la difficulté à se pencher et à sortir du lit. Il pensait que c’était dû à son rude travail dans le monde de la restauration et des bars de Toronto, dans le cadre duquel il devait rester debout sur de durs planchers pendant de longues heures. En plus, il pratiquait souvent la planche à roulettes dans ses temps libres, et il était conscient que cela pouvait avoir des conséquences.

Les choses allaient de mal en pis, il a donc consulté un médecin généraliste (MG) qui a posé un mauvais diagnostic : il a établi que la douleur de Gabe était un symptôme de discopathie dégénérative. Gabe a donc suivi des traitements de physiothérapie, d’ostéopathie et d’acupuncture pour apaiser sa douleur.

Lors d’une discussion portant sur ses symptômes, l’un de ses thérapeutes a décelé une autre affection et lui a suggéré de consulter un autre MG pour obtenir un deuxième avis. Après avoir passé une IRM et quelques tests, le diagnostic de SA a été posé.

« Je n’avais aucune idée de ce que ça voulait dire. Je ne savais même pas que cette maladie existait. J’ai dû faire beaucoup de recherches et le site Web de la Société de l’arthrite m’a beaucoup aidé avec ça. »

Gabe a reçu un autre diagnostic en juin, celui de maladie de Crohn, affection inflammatoire qui touche le système digestif, ajoutant ainsi un autre facteur de complexité au travail de son équipe soignante qui cherche à trouver un plan de traitement adéquat pour lui.

À 32 ans, il travaille aujourd’hui à son compte, rédigeant des communiqués de presse pour des groupes de musique et faisant venir des groupes qui jouent dans différents lieux de spectacles de Toronto. Il poursuit également une carrière en tant qu’humoriste. Vous pouvez le voir sur scène à Toronto, à Montréal, sa ville natale, et à divers autres endroits entre ces deux villes. Il anime les événements humoristiques du Pouzza Fest de Montréal depuis des années et n’hésite surtout pas à voyager pendant de longues heures pour y participer.

Gabe a récemment apporté des changements à son alimentation en éliminant la malbouffe qu’il avait tendance à manger très tard dans la journée et il s’assure de manger des aliments sains durant et après le travail .

« En travaillant tard le soir, sans aucune structure du sommeil, en plus des mauvaises habitudes alimentaires qui accompagnent ce mode vie, je me heurtais à un mur à toute vitesse. Ce n’était plus viable et il fallait que je change ça. »

« Je me suis également rendu compte que je ne m’étirais jamais bien avant une activité. C’était absurde. Maintenant, j’y tiens beaucoup. Le yoga m’aide aussi à améliorer ma flexibilité et je m’assure de toujours d’inclure des postures dans ma routine. »

Même le confinement dans son appartement du centre-ville pendant la pandémie ne l’a pas empêché de rester actif. Il a remplacé les poids et haltères du centre de conditionnement physique par des boîtes remplies de vinyle et le tapis roulant par des promenades à vélo au bord de l’eau.

Grand liseur doté d’une curiosité insatiable, Gabe écoute beaucoup de balados sur des sujets très variés. Il se souvient du moment où il a entendu l’histoire de Spencer Hamilton, planchiste professionnel de Vancouver qui est atteint d’une maladie similaire à la sienne. Il a ressenti un lien particulier avec son histoire.

« J’ai communiqué avec lui parce que j’ai senti que c’était quelqu’un avec qui j’avais beaucoup en commun. Je lui ai dit que je croyais que c’était cool qu’il parle ouvertement de ses difficultés. J’aurais aimé avoir entendu son témoignage avant d’avoir reçu mon diagnostic. J’aurais fait le lien plus tôt! »

Six millions de Canadiens comme Gabe vivent avec l’arthrite. Il espère que son histoire sensibilisera la population à cette maladie débilitante et évitera à d’autres gens d’avoir à souffrir et à se questionner pendant des années.