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L’eau : une arme secrète dans la lutte contre l’arthrose?

L’eau : une arme secrète dans la lutte contre l’arthrose?

Peter KannuPeter Kannu, MB ChB (Otago), Ph. D., DCH, FRACP
Généticien clinicien, SickKids
Scientifique associé, Institut de recherche du SickKids
Professeur adjoint de pédiatrie, Université de Toronto

La maladie articulaire la plus répandue sur la planète, l’arthrose, se caractérise par la détérioration continue du cartilage. Véritable coussin protégeant les articulations et les os, le cartilage se compose principalement d’eau, qui entre dans les cellules et en ressort. Dans cette optique, on peut se demander si l’eau renferme un indice sur la détérioration du cartilage et l’apparition de l’arthrose.

C’est la question que se pose M. Peter Kannu du Hospital for Sick Children (SickKids) de Toronto, et la perspective d’une réponse éclairante est ce qui a incité la Société de l’arthrite à verser une subvention de fonctionnement au chercheur. La Société de l’arthrite croit en effet que ce genre d’idée, dont les retombées pourraient être énormes, représente un investissement important dans la lutte contre l’arthrite.

Pendant trois ans, M. Kannu et son adjoint de recherche étudieront les aquaporines. Ces canaux hydriques s’ouvrent et se ferment pour permettre le passage de l’eau qui entre dans les cellules et en ressort. Nous savons déjà que les aquaporines se comportent différemment chez les personnes atteintes d’arthrose au genou. En outre, dans un environnement arthritique, les cellules du cartilage subissent de l’inflammation et forment des dépôts de calcium. Ainsi, elles prennent un aspect osseux, et le coussin essentiel à la santé articulaire disparaît. M. Kannu examine donc le rôle potentiel des canaux hydriques dans ce processus et tente de déterminer si l’on peut éviter ce dernier.

Pour ce faire, les chercheurs se servent de souris ayant des aquaporines (groupe témoin) et d’autres chez qui les aquaporines ont été supprimées. En introduisant une instabilité dans les articulations de leurs genoux, ils découvriront si l’absence de canaux hydriques protège les souris contre l’arthrose du genou ou si la maladie, au contraire, évolue plus rapidement. Ils comptent aussi faire l’essai de divers médicaments sur les souris privées d’aquaporines, dans l’espoir de trouver un traitement potentiel contre l’arthrose.

L’équipe explorera également les manières de détecter la maladie plus vite. « Les outils diagnostiques actuels ne permettent de déceler l’arthrose qu’à un stade avancé, ce qui constitue l’un des obstacles à sa prévention, explique M. Kannu. Rendue là, la maladie a déjà fait des ravages. Nous voulons développer de nouveaux tests, car nous nous demandons si ces canaux hydriques renferment la clé d’un diagnostic précoce. Nous voulons savoir s’il est possible de prévoir l’apparition de l’arthrose plusieurs décennies à l’avance, au moment où les gens commencent à se plaindre de douleur et d’inconfort. »

M. Kannu, qui souffre d’arthrose au cou, voudrait bien pouvoir expliquer pourquoi certains cas d’arthrose sont beaucoup plus graves que d’autres et déterminer si les premiers devraient être pris en charge de façon plus agressive. Il indique que les traitements actuels contre l’arthrose se limitent aux antidouleurs et aux interventions chirurgicales.

« Nous ne disposons d’aucun médicament qui puisse stopper ou même ralentir l’arthrose, affirme-t-il. Nous conservons toutefois beaucoup d’espoir parce que la technologie et les techniques sont de plus en plus sophistiquées. Aussi disposons-nous de meilleurs moyens pour répondre à ces questions qui nous laissent perplexes depuis longtemps. »

C’est précisément ce que fait M. Kannu dans son laboratoire au SickKids – un laboratoire financé en partie par les nombreux Canadiens qui ont fait un don à la Société de l’arthrite, sous le volet de la recherche. Et c’est M. Kannu qui explique le mieux la situation : « Sans votre soutien, ce que je suis en train de faire ne serait tout simplement pas possible. »