Christopher Randall se tient assis dans la salle de bal Canadian au Fairmont Royal York Hotel de Toronto. Il est entouré de huit cents personnes élégamment habillées qui attendent de vivre une soirée mémorable. De sa table, il observe l’écran géant devant lui sur lequel le message suivant est projeté : « En honneur de Kenneth Halnan qui a lutté contre l’arthrite et d’Audrey Lili Lishman Halnan, avec amour, leur fils, Christopher.
Nous sommes samedi, le 2 novembre 2024 et Christopher est un invité de la troisième édition annuelle du Arthritis Fire Ball™ de Toronto. New Classical FM and Zoomer Radio, où Christopher est vice-président du marketing et de la publicité, est un commanditaire de l’évènement. La soirée est une occasion pour Christopher d’aider à amasser des fonds et sensibiliser les gens à cette maladie avec laquelle son père Ken a vécu. C’est aussi l’occasion de faire la paix avec ce que Christopher estime être une relation houleuse.
L’emprise froide et cruelle de l’arthrite
Au début des années 1960, alors que Christopher était enfant, son père a développé la polyarthrite rhumatoïde. La maladie a progressé rapidement et férocement et a transformé le corps et le comportement de Ken. Christopher se souvient : « C’était un homme actif, jusqu’à ce que l’arthrite arrive. Ses mains se sont crochies de plus en plus, les doigts allaient dans toutes les directions. La maladie nuisait à sa capacité de conduire, marcher, sortir, aller dîner, participer aux activités sociales et soulever des objets. Son corps et son esprit étaient limités. »
Quand Christopher se plonge dans les souvenirs de son père, il voit un homme qui tirait une fierté de son apparence. Il l’imagine en train d’écrire, un de ses passe-temps favoris. Il a des visions de Ken jouant au hockey avec ses fils ou les soulevant dans l’arbre derrière la maison. Cependant, ces souvenirs s’estompent lorsqu’il voit à quel point l’arthrite s’est immiscée dans le monde de son père.
Plutôt que de voir son père dans un complet bien ajusté, il voit un homme qui ne peut plus nouer une cravate ou ses propres souliers. Plutôt que de voir Ken souriant avec un crayon dans les mains, il voit un homme incrédule qui fixe ses propres doigts déformés. Plutôt que de voir son père qui profite de la présence de ses enfants, il voit un homme couché au lit ou qui titube dans le couloir et s’appuie sur les murs pour tenir debout.
« L’arthrite lui a volé son plaisir. Sa mobilité, son apparence, sa capacité à profiter pleinement de la vie – toutes ces choses ont été profondément affectées. Pour lui, c’était difficile d’être débilité », explique Christopher. « Il éprouvait de la colère et du ressentiment. »
Une question de mauvaise communication
Pendant des décennies, Christopher interprétait mal ces émotions.
« Je croyais qu’il était fâché parce qu’il avait appris que j’étais gai. J’ai mis beaucoup de temps à comprendre que son humeur et son comportement étaient grandement affectés par la douleur intense de l’arthrite », explique-t-il.
Christopher a commencé à réévaluer sa relation avec son père, décédé il y a de cela 35 ans, après le décès de sa mère en 2022. Avec le recul, il a commencé à comprendre le traumatisme qu’a entraîné la deuxième Guerre mondiale sur Ken. Il a commencé à comprendre les difficultés que son père avait traversées alors qu’il était atteint de psoriasis, lui qui a reçu un diagnostic en 1967. Il a pris conscience du tourment ravageur que son père a enduré en raison de l’arthrite.
« Ce n’est qu’après une réflexion profonde que j’ai réalisé à quel point mon père a souffert, en grande partie en raison de l’arthrite », dit Cristopher. « Quand j’étais enfant, pour aller à l’Exposition nationale canadienne, il embauchait une gardienne pour nous y amener. Il ne pouvait pas le faire. »
Maintenant qu’il saisit toute la portée de l’arthrite de son père, Christopher s’est senti interpellé pour aider à lutter contre la maladie. Il a trouvé une manière de le faire avec la Société de l’arthrite du Canada.
« J’ai pensé à ce que pouvais faire avec mon poste auprès de New Classical FM and Zoomer Radio. Je me suis surpassé dans ma réponse à l’appel en commanditant le Fire Ball™ Toronto de la Société de l’arthrite du Canada » dit-il. « C’est un honneur de le faire pour mon père, afin d’aider au travail visant à éradiquer la maladie qui l’a fait souffrir si profondément. »
Pour Christopher, ce fut un parcours de guérison de voir sa relation avec son père sous un nouveau jour dans lequel son orientation sexuelle n’exerce aucune influence.
« J’ai réalisé des choses maintenant. Je comprends et je pardonne. Énormément de souffrance échappait à ma connaissance et aujourd’hui, à 64 ans, je peut me montrer compatissant, chose que je ne pouvais pas faire à 14 ou 24 ans », image-t-il.
Après une courte pause, il ajoute : « Cela fait 35 ans que mon père est décédé. C’est merveilleux que son fils collabore maintenant avec la Société de l’arthrite du Canada afin d’aider d’autres Christopher Randalls et Ken Halnans. De cette façon, par de petits gestes, comme m’impliquer par l’entremise de la station de radio, je peux aider. C’est positif et les autres aussi peuvent le faire. Défendre la cause, stimuler la recherche et mobiliser les gens pour la cause. Si vous êtes touché par une maladie comme l’arthrite, impliquez-vous pour faire en sorte de l’éradiquer. »