Histoires

Favoriser l’empathie par l’art

Photo of Kate Maura Kilty

Lorsque l’artiste torontoise Kate Maura Kilty peint, ses mains flottent gracieusement sur la toile afin de donner vie à ses dessins les plus imaginatifs. Bien qu’elle ait vu ses deux parents composer avec l’arthrite, malgré un régime de médicaments puissants, Kate n’avait jamais considéré les répercussions de la vie avec l’arthrite sur le processus artistique.

« J’ai été époustouflée par une vidéo envoyée par une de mes amies qui travaille à la Société de l’arthrite du Canada. Dans celle-ci, on y voit Pierre-Auguste Renoir en train de peindre l’un de ses chefs-d’œuvre. Pour une vidéo du début des années 1900, c’est incroyablement émouvant et révélateur. Les mains de Renoir sont si recroquevillées qu’un de ses assistants doit littéralement glisser le pinceau dans ses mains », explique Kate.

Renoir était connu pour vivre avec la polyarthrite rhumatoïde. Ses symptômes ont commencé dans la cinquantaine et, à l’âge de 70 ans, ses mains étaient presque complètement invalides. Cependant, aux yeux des historiens de l’art, sa polyarthrite rhumatoïde débilitante n’a pas eu d’effet négatif sur la qualité de son travail.

« Pour moi, voir comment Renoir a pu adapter son style malgré cette maladie aux symptômes aigus est porteur d’espoir. Cela montre comment sa passion et son talent magistral l’ont aidé à surmonter les importantes limitations physiques. Il n’a pas laissé l’arthrite le définir ».

L’histoire de Renoir, jumelée à l’expérience de ses parents, a inspiré Kate à faire un généreux don de quatre œuvres d’art, qui serviront à accueillir de manière inspirante les visiteurs du bureau de la Société de l’arthrite du Canada, à Toronto.

Kate Kilty hanging her paintingsEn pensant à Renoir et aux autres grands maîtres de la peinture, Kate déclare : « Je voulais créer des œuvres qui rappellent aux gens à quel point l’arthrite est un défi, et démontrer de manière créative à quel point le feu de l’arthrite peut être douloureux. En tant qu’artiste, j’éprouve une immense empathie pour les personnes qui vivent avec cette maladie et surtout pour celles dont leur gagne-pain ou les exutoires créatifs sont affectés ».

La première œuvre s’inspire d’Auguste Rodin, qui a notamment créé La porte de l’enfer et Le penseur. Rodin est connu pour sa représentation émotionnelle d’homme en sculpture. Kate a appelé cette peinture That Wounded Place (Cet endroit meurtri) où ses bleus et oranges emphatiques et ardents sont censés représenter la douleur de l’arthrite. Le gros plan de la tête et des mains invite le spectateur à réfléchir profondément à l’intensité de l’arthrite et à trouver de l’empathie pour ceux qui vivent avec cette maladie débilitante.

La deuxième création est un triptyque intitulé Within the Fire (Au cœur du feu) qui représente des formes abstraites de mains recréant un mouvement de flamme. De nombreuses mains pointées les unes vers les autres et se déplaçant autour de la toile représentent le signe de la douleur en ASL (langue des signes américaine). Des tailles différentes expriment les variétés d’âges des personnes atteintes de la maladie.

« Dans ces créations, j’ai jumelé l’impression numérique et la peinture dans le but de représenter le mélange du passé et de l’avenir. Au cours des dernières décennies, la recherche sur l’arthrite et les traitements, tout comme les médiums artistiques, ont eux aussi évolué. J’espère que ce mélange inspirera les gens à réfléchir au fonctionnement du corps, à la façon dont la recherche change l’avenir et au fait que, avec suffisamment de financement, un remède peut s’avérer possible ».