Gérer l’arthrite

Les vaccins et l’arthrite

L'aiguille d'une seringue introduite dans une bouteille

Votre guide des vaccins et de l’arthrite

« Je crois que de se questionner si on est un bon candidat pour recevoir un vaccin survient naturellement lorsqu’on est atteint d’une maladie chronique », exprime la Dre Vivien Brown, médecin de famille à Toronto. Elle souligne l’existence de lignes directrices émises par le Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI), sur lesquelles s’appuie l’Agence de la santé publique du Canada. « Il s’agit d’un groupe de scientifiques et de spécialistes de partout au pays qui font des déclarations au sujet de diverses questions [qui ont trait à l’immunisation]… Donc, quand une personne visite son médecin, ce n’est pas le médecin qui dit oui ou non. On parle vraiment ici de prises de décisions régies par des lignes directrices, et je crois que c’est quelque chose de très rassurant. »

Pourquoi les vaccins sont-ils importants pour les personnes atteintes d’arthrite? « Quand une personne réussit à jouir d’une période de rémission de sa maladie chronique, la manifestation d’un épisode d’une maladie distincte peut agir sur la rémission; la perturber. L’utilité d’un vaccin n’est donc pas uniquement liée à la protection contre la maladie qu’il doit prévenir, mais aussi à la façon globale dont il aide le patient à rester en santé, en permettant ainsi possiblement au patient de demeurer en rémission », dit la Dre Brown. Elle ajoute que la vaccination fait partie des bonnes pratiques à adopter pour une bonne santé générale, qui comprennent aussi le sommeil, la saine alimentation, l’exercice et la gestion du stress.

Le vaccin annuel contre l’influenza (ou vaccin contre la grippe) est recommandé. À partir de là, si vous êtes atteint d’arthrite inflammatoire, vous devriez discuter de certaines autres questions concernant les vaccins avec votre principal fournisseur de soins de santé ou avec votre rhumatologue.

Les médicaments

Il existe deux principaux types de vaccins. Il y a d’abord le « vaccin vivant atténué » qui renferme une forme vivante, mais atténuée d’une bactérie ou d’un virus, et le « vaccin inactivé », fabriqué à partir de bactéries ou de virus non vivants. Les auteurs d’un article apparu dans le Journal de l’Association médicale canadienne en 2019 (en anglais seulement), affirment que « les vaccins inactivés sont sûrs et généralement efficaces pour les patients qui prennent des antirhumatismaux modificateurs de la maladie (ARMM). » Ils soulignent également qu’« idéalement, un vaccin doit être administré au patient préalablement au traitement et au cours d’une période stationnaire de la maladie. Cela dit, un traitement d’ARMM ne devrait pas être retardé indûment ni suspendu. » Puis, « les patients qui prennent des ARMM biologiques devraient éviter les vaccins vivants. » Ils précisent aussi que les vaccins peuvent tous être administrés en une même journée et que « les effets indésirables comme les nausées, la fièvre et la myalgie, qu’ils soient légers ou sévères, surviennent à des taux d’incidence semblables chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes comme chez celles qui ne le sont pas. »

Ainsi, les personnes qui prennent certains médicaments pour l’arthrite, comme les biologiques et les corticostéroïdes à long terme, ne sont pas de bons candidats aux vaccins renfermant des virus vivants. « Heureusement, dit la Dre Brown, la plupart des principaux vaccins pour adultes n’en contiennent pas. Le récent vaccin contre le zona pour les adultes d’au moins 50 ans, par exemple, est fait à partir d’un virus inactivé, le rendant ainsi sécuritaire lorsque pris par une personne immunovulnérable. » (Il est important de souligner qu’il pourrait y avoir des contre-indications, c’est donc important de parler à votre fournisseur de soins de santé).

De même, les vaccins contre l’hépatite A et l’hépatite B, recommandés aux personnes voyageant à l’étranger et à celles qui font partie de populations vulnérables, ne contiennent pas de virus vivant. Toutefois, le vaccin contre la fièvre jaune, plus rarement administré aux voyageurs, contient un virus vivant. Il n’est donc pas recommandé.

La vaccination systématique chez les adultes

Immunisation Canada recommande à tous les adultes de se faire vacciner contre le tétanos et la diphtérie tous les dix ans, alors parlez-en à votre médecin pour voir si cela vous convient. Le vaccin contre la coqueluche est également recommandé aux adultes et aux femmes enceintes, à chaque grossesse. (Généralement, au Canada, ces trois vaccins sont administrés simultanément, en une seule dose dcaT. Il s’agit de vaccins inactivés.)

Le vaccin antipneumococcique (inactivé lui aussi) aide à protéger contre certaines souches de bactéries pneumococciques qui peuvent causer de graves maladies comme la méningite ou la pneumonie. Le vaccin est recommandé à tous les adultes de 65 ans et plus, tous les cinq ans. Il est également recommandé aux personnes de tous âges vivant dans un établissement avec assistance. Puisque les personnes atteintes d’arthrite inflammatoire, comme la polyarthrite rhumatoïde, sont souvent plus à risque de contracter des maladies infectieuses, votre fournisseur de soins de santé pourrait vous suggérer ce vaccin même avant l’âge de 65 ans.

Les enfants et l’arthrite

Le vaccin ROR ou vaccin associé Rougeole-Oreillons-Rubéole est un vaccin vivant administré selon des intervalles spécifiques au courant de la petite enfant et de l’enfance. Vous avez peut-être déjà entendu dire que le vaccin cause des symptômes passagers de type arthritique, comme la douleur et la raideur articulaires durant un ou deux jours, mais ce type de réaction est rare, affirme la Dre Brown. C’est plus probable que ces symptômes surviennent chez les adolescentes et les femmes adultes qui n’avaient jamais reçu le vaccin.

Qu’en est-il des enfants qui vivent déjà avec l’arthrite? Les vaccins sont-ils une bonne idée? Selon la Dre Evelyn Rozenblyum, rhumatologue pédiatrique au Sick Kids de Toronto et professeure adjointe de pédiatrie à l’Université de Toronto, un enfant atteint d’une maladie rhumatismale, mais qui n’est pas sous médication, peut, en général, recevoir ses vaccins systématiques selon le calendrier recommandé.  

Cependant, « si le patient prend un médicament qui supprime la réponse immunitaire pour traiter l’arthrite, il faudra faire attention à l’administration des vaccins. Si, par exemple, un enfant atteint d’arthrite juvénile idiopathique (AJI) doit prendre un médicament biologique, nous recommandons que ses vaccins vivants (ceux dont il aurait besoin et qu’il n’aurait toujours pas reçus) lui soient administrés avant le début de son traitement, dans le cas où ce dernier peut attendre. Une fois le médicament biologique pris, nous suggérons normalement de reporter les vaccins vivants après la fin du traitement et de prendre les précautions nécessaires pour les enfants qui ne sont pas vaccinés. » Elle ajoute : « bien que l’approche adoptée dans la plupart des centres nord-américains consiste à attendre avant d’administrer des vaccins vivants à des enfants qui prennent des médicaments biologiques, de nouvelles données apparaissent sans cesse et certains centres partout dans le monde vaccinent les enfants qui suivent un traitement par médicament biologique, et observent de bons résultats.

« Le vaccin annuel contre la grippe (nous parlons ici de la version non vivante et non pas du vaccin sous forme de vaporisateur nasal qui contient un virus vivant) est fortement recommandé aux personnes qui prennent un ARMM ou un médicament biologique, dit la Dre Rozenblyum. En ce qui concerne les ARMM, il est encore une fois recommandé d’agir avec prudence lorsqu’on pense administrer des vaccins vivants à des enfants atteints d’arthrite. Parlez-en en détail avec votre rhumatologue ou médecin de famille. Étant donné que les enfants reçoivent leur première dose du vaccin ROR juste après leur premier anniversaire et que l’AJI se manifeste rarement chez les enfants de moins de deux ans, il y a de bonnes chances que l’enfant ait déjà reçu son vaccin. Pour ce qui est des ARMM comme le méthotrexate, lorsqu’ils sont donnés en doses inférieures à 15 mg/m2, il est possible d’administrer des doses de rappel de vaccins vivants (comme le ROR). » Elle précise tout de même qu’idéalement, les patients devraient se faire vacciner quelques semaines avant le début de tout traitement immunomodulateur.

« Une bonne communication est essentielle, autant pour les patients pédiatriques que les patients adultes, dit la Dre Brown. Je crois que nous devons améliorer la communication entre les intervenants; les médecins de famille ou les fournisseurs de soins de santé primaires et les spécialistes, parce qu’il n’est parfois pas très clair qui est chargé de s’occuper de certains problèmes qui peuvent survenir d’un jour à l’autre. L’immunisation peut parfois être mal gérée. »

Comme c’est le cas pour bien des aspects des soins aux personnes arthritiques, il n’existe pas d’approche universelle convenant à tous. Afin de protéger votre santé, parlez de vaccins à vos fournisseurs de soins de santé pour savoir lesquels vous conviendraient.