Gérer l’arthrite

L’arthrite et le vaccin contre la grippe

L’arthrite et le vaccin contre la grippe

Devriez-vous vous faire vacciner contre la grippe si vous avez l’arthrite?

L’automne, c’est la saison des lattés à la citrouille épicée, des matins frisquets et des rappels sur l’importance de vous faire vacciner pour réduire votre risque de grippe saisonnière. Si vous vivez avec l’arthrite, et plus particulièrement une forme inflammatoire de la maladie comme la polyarthrite rhumatoïde (PR), vous vous demandez peut-être si le vaccin contre la grippe vous convient. Vous devriez en parler à votre fournisseur de soins de santé, bien sûr. Toutefois, sachez qu’en général, se faire vacciner contre la grippe est un choix judicieux. « Le vaccin contre la grippe ne vous fera pas tomber malade et ne déclenchera pas de poussée », insiste le Dr Jeff Kwong, médecin de famille de Toronto, scientifique à Santé publique Ontario et directeur associé du Centre for Vaccine Preventable Diseases de l’Université de Toronto. Voici ce qu’il faut savoir à ce sujet.

1. Les risques pour les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde

Le système immunitaire des personnes atteintes de PR est souvent compromis, ce qui les expose à un risque accru de contracter la grippe et de subir des complications. Une étude menée sur plus de 46 000 patients atteints de PR et autant de personnes sans PR a révélé que les premiers étaient plus susceptibles d’attraper la grippe et présentaient un risque 2,75 fois plus élevé de subir des complications comme la pneumonie ou un AVC. De plus, dans une deuxième étude, les sujets atteints de PR qui avaient reçu le vaccin contre la grippe étaient moins nombreux à avoir été hospitalisés en raison de complications liées à la grippe et présentaient un risque plus faible de décès.

2. Le rôle des médicaments

Il est vrai que le vaccin contre la grippe est moins efficace chez les gens qui prennent certains médicaments contre l’arthrite (notamment les AARM classiques comme le méthotrexate, ou encore les médicaments biologiques) que dans la population en général. Le Dr Kwong souligne toutefois qu’il est important de ne pas tirer un trait sur le vaccin, puisqu’il offre tout de même une protection. Les scientifiques cherchent également des moyens de rendre le vaccin contre la grippe plus efficace pour les patients atteints de PR. Par exemple, certaines études ont permis de constater qu’un bref « congé de médicaments » sous supervision médicale (arrêt du traitement par méthotrexate pour deux semaines suivant l’administration du vaccin contre la grippe) augmentait l’efficacité de celui-ci et n’entraînait pas d’intensification des symptômes de PR. (Il est important de souligner que cette recherche est toujours en cours et qu’il ne s’agit pas encore d’une ligne directrice recommandée.)

3. La bonne dose au bon moment

« On avait l’habitude de dire aux gens de recevoir le vaccin contre la grippe dès que possible. Or, de plus en plus d’études donnent à penser que l’immunité fournie par le vaccin ne dure peut-être pas toute une saison si on le reçoit trop tôt, explique le Dr Kwong. Le début du mois de novembre est probablement le meilleur moment pour se faire vacciner, car l’influenza n’a pas encore fait son apparition, mais c’est suffisamment tard pour que le vaccin fasse effet jusqu’à la fin de la saison. » Il ajoute que si décembre arrive et que vous n’êtes pas encore allé vous faire vacciner, il vaut tout de même le coup de le faire. Discutez toutefois avec votre fournisseur de soins de santé du meilleur moment pour recevoir le vaccin.

Les gens dont le système immunitaire est affaibli ne devraient pas recevoir le vaccin intranasal contre la grippe parce que celui-ci entraîne un risque théorique de complications (au Canada, le vaccin intranasal est financé par les deniers publics uniquement pour les enfants et il n’est pas disponible tous les ans; il ne l’était pas, par exemple, en 2019-2020). Le vaccin administré par injection contient le virus inactivé, ou mort. Ce n’est pas un vaccin vivant et il peut contenir l’une de deux doses : une dose standard et une dose forte. C’est généralement la dose standard qui est couverte par les régimes publics canadiens. (Selon votre province ou votre territoire de résidence, la dose forte peut être gratuite pour les personnes de plus de 65 ans ou pour celles qui reçoivent des soins de longue durée.)

Le vaccin à forte dose a attiré l’intérêt d’un groupe de chercheurs montréalais qui travaillent sous la supervision de la Dre Inès Colmegna, professeure agrégée au département de médecine de la faculté de médecine de l’Université McGill et scientifique pour le Programme en maladies infectieuses et immunité en santé mondiale de l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill. Durant les saisons de la grippe 2016-2017 et 2017-2018, ce groupe de chercheurs a fait une découverte : les patients atteints de PR qui avaient reçu la forte dose du vaccin contre la grippe présentaient une réponse immunitaire considérablement meilleure que les patients atteints de PR qui avaient reçu la dose standard. Autrement dit, leur corps générait plus d’anticorps protecteurs et était mieux protégé contre la grippe.

4. Lavez-vous les mains!

Outre le vaccin contre la grippe, vous pouvez vous protéger en vous lavant souvent les mains, en toussant et en éternuant dans votre épaule ou le creux de votre bras plutôt que dans vos mains, en évitant de vous toucher le visage et en désinfectant les objets que vous touchez souvent, comme vos téléphones, poignées de porte et télécommandes de télévision.

Les travaux de la Dre Inès Colmegna sur les vaccins à forte dose contre la grippe ont été financés par une subvention stratégique de fonctionnement de la Société de l’arthrite (2016-2019).