La douleur fait partie de la vie de nombreuses personnes atteintes d’arthrite, et cela peut faire peur ou être frustrant. Il est courant de penser qu’elle échappe à votre contrôle et d’essayer de l’ignorer. Bien que ce soit une réaction humaine compréhensible, il ne s’agit pas de la meilleure approche. Le secret pour gérer la douleur est de prendre des décisions stratégiques et d’être attentif aux divers facteurs qui font partie de votre vie. Or, pour y parvenir, il faut comprendre le cycle de la douleur. Examinons ce qu’est ce cycle et les façons de le briser pour mieux prendre en charge vos symptômes.
Le cycle de la douleur
La douleur chronique ou persistante est influencée par cinq principaux facteurs qui peuvent avoir des répercussions les uns sur les autres :
- troubles physiques causés par une blessure, une maladie ou une intervention chirurgicale
- tensions musculaires
- fatigue
- stress psychologique
- dépression ou autres émotions négatives
Une hausse ou une baisse de l’un de ces facteurs peut avoir une incidence sur votre expérience de la douleur. En réfléchissant, vous pouvez probablement identifier des situations où votre douleur semblait s’être atténuée ou empirée. Lorsque vous riez en jouant aux cartes avec des amis, vous remarquez moins votre douleur. Tandis que si vous n’arrivez pas à dormir parce que l’actualité vous inquiète, votre douleur peut s’intensifier.
Il se peut également que vous remarquiez que les facteurs sont interreliés et entraînent une augmentation de votre douleur. Vos muscles pourraient être tendus parce que vous réagissez à la douleur (ils se contractent autour d’une articulation douloureuse). Or, les muscles tendus contribuent eux aussi à la douleur, car vos activités leur causent du stress.
Le stress est un autre facteur qui amène les muscles à se contracter. Lorsque vous ressentez du stress, votre tension musculaire peut s’intensifier, et ainsi aggraver votre douleur. Le stress peut également éveiller des sentiments de colère, de frustration et de peur. Il est difficile, sur les plans tant physique qu’émotionnel, de composer avec ces émotions négatives, et elles entraînent de la fatigue et de l’épuisement. Étant donné que ces facteurs contribuent eux aussi à faire augmenter la douleur, trouver des façons de mieux gérer votre stress peut vous aider à la maîtriser.
Le cycle de la douleur va dans les deux sens : si vous vous sentez démoralisé ou déprimé, cela peut contribuer à votre douleur, tout comme la douleur peut vous empêcher de faire ce que vous aimez, par exemple en vous amenant à annuler vos activités sociales avec vos amis. Cela pourrait faire en sorte que vous vous sentez déprimé et isolé.
En plus des facteurs émotionnels qui peuvent influer sur la douleur, il existe des composés chimiques dont il faut tenir compte. Lorsqu’on se sent stressé, fatigué, anxieux ou déprimé, le corps produit naturellement des substances chimiques. Celles-ci sont très semblables à celles qui signalent la présence de lésions ou de danger. Par conséquent, si vous ressentez de la douleur persistante depuis un moment, les substances chimiques libérées par les baisses de votre humeur peuvent amplifier la douleur. Certains experts appellent cela « monter le volume » de la douleur. Autrement dit, le système nerveux devient plus sensible et réagit de façon excessive.
En résumé, la douleur n’est pas toujours simple. Cependant, comprendre ce qui se passe peut grandement aider à « baisser le volume » de la douleur. Voici ce que vous devez garder à l’esprit.
Briser le cycle de la douleur
La fatigue, la dépression et le stress sont étroitement liés à la douleur. En étant attentif à la façon dont ces éléments affectent votre douleur, vous pouvez prendre les mesures nécessaires pour renverser ou interrompre le cycle.
Votre corps reçoit de votre cerveau divers signaux qui peuvent modifier la façon dont vous percevez la douleur. Ces signaux peuvent produire des substances chimiques qui contribuent à supprimer les messages de douleur dans le corps. La pratique d’activité physique, de relaxation ou de techniques de visualisation fait augmenter la production de ces substances. Après avoir lu un article sur le cycle de la douleur il y a deux ans, Jennifer Boyle, qui vit à Toronto, a connu de bons résultats avec diverses techniques. « Je suis mon plan de traitement et je prends mes médicaments, mais j’essaie également de faire preuve de créativité. Lorsque j’ai mal aux jambes, je m’imagine être sur une plage ensoleillée. Ça m’aide à détendre mes muscles », explique Jennifer, qui vit avec l’arthrite psoriasique depuis maintenant 26 ans. Si chaque pas lui fait mal alors qu’elle fait une promenade, plutôt que de se concentrer sur la douleur, elle essaie de diriger son attention sur ce qui l’entoure, comme les arbres et les fleurs.
Comme pour de nombreuses personnes atteintes d’arthrite, Jennifer connaît des journées difficiles où elle en a assez de la maladie et où elle ressent de la colère ou de la peur. « Je trouve qu’identifier ce que je ressens, ça m’aide. Par exemple : “Je suis fatiguée à cause de cette situation. Je suis stressée parce que j’ai mal au genou”. Je prends un peu de recul et je me dis que ça fait partie de la maladie et que je vais faire de mon mieux pour la gérer », explique-t-elle. Elle ajoute que la prise en charge personnelle est primordiale. « Il m’a fallu beaucoup de temps avant de comprendre qu’il faut être le gestionnaire de sa maladie. On ne peut pas être passif et la laisser prendre le contrôle de sa vie. Il faut apprendre à gérer son stress et ses émotions et faire tout son possible pour prendre en charge la maladie », conclut-elle.