Sur quoi cette recherche porte-t-elle?
L’arthrose est la forme d’arthrite la plus courante, et jusqu’à cinq millions de Canadiens en seraient atteints. Les gens qui subissent une blessure au genou sont beaucoup plus susceptibles de développer l’arthrose du genou posttraumatique. Dans le but d’améliorer les traitements et de mieux prédire la progression de la maladie, nous devons comprendre la différence entre l’arthrose du genou posttraumatique et l’arthrose du genou non traumatique, laquelle n’est pas due à une blessure. Les articulations et les muscles fonctionnent-ils différemment? Plus particulièrement, on ne comprenait pas l’incidence du fonctionnement des muscles lors de la marche.
Qu’ont fait les chercheurs?
Shawn Robbins, Ph. D., et son équipe de recherche ont utilisé des caméras de capture de mouvement pour étudier la démarche de personnes touchées par l’arthrose du genou posttraumatique et non traumatique ainsi que la démarche de personnes sans arthrose du genou. Ils ont aussi utilisé des capteurs pour mesurer le fonctionnement de sept muscles différents situés dans la cuisse et le mollet.
Qu’en est-il ressorti?
De façon générale, les muscles des gens atteints d’arthrose du genou posttraumatique fonctionnaient de façon similaire aux muscles des gens sans arthrose. En revanche, les muscles des cuisses des sujets atteints d’arthrose du genou non traumatique étaient plus actifs, et leurs genoux bougeaient différemment. Les résultats donnaient à penser que la biomécanique, ou la façon dont bouge le corps, est différente selon le type d’arthrose du genou (causée par une blessure ou non).
Quelle est l’utilité de cette recherche?
Cette recherche fournit un apport important à l’ensemble de connaissances existantes sur la biomécanique de l’arthrose, à savoir la science qui étudie les mouvements du corps en cas d’arthrose. Étant donné la différence entre les mouvements d’une personne atteinte d’arthrose non traumatique et ceux d’une personne sans arthrose, et puisque les muscles de leurs genoux ne fonctionnent pas de la même façon que ceux d’une personne atteinte d’arthrose posttraumatique, ces différences pourraient avoir une incidence sur le développement et la progression de l’arthrose. Par ailleurs, il est possible que l’arthrose posttraumatique se manifeste davantage en raison de lésions tissulaires causées par une blessure. Des recherches plus poussées sont nécessaires pour répondre à ces questions.
Les découvertes découlant de cette étude peuvent être utilisées pour approfondir la recherche sur les différences fondamentales entre l’arthrose traumatique et non traumatique, ce qui pourrait avoir des répercussions subséquentes sur la prise en charge de chaque type d’arthrose.
Quelle incidence cette recherche pourrait-elle avoir?
La physiothérapie et l’éducation sont essentielles au traitement de l’arthrose. Elles peuvent aider les gens à gérer leurs symptômes et à rester actifs au quotidien.
Comprendre la façon dont fonctionnent les articulations et les muscles en fonction de chaque type d’arthrose pourrait permettre de mettre au point de nouvelles façons de rééduquer les muscles ou de modifier la démarche des gens pour éviter les douleurs et prévenir les dommages additionnels. Cela pourrait aussi aider les professionnels de la santé à identifier les personnes qui présentent un risque élevé de progression de la maladie et qui bénéficieraient donc d’un traitement précoce, en plus d’aider les gens qui vivent avec l’arthrose à rester actifs au quotidien.
À propos du chercheur
Physiothérapeute de formation, Shawn Robbins, Ph. D., est un scientifique et professeur agrégé à l’Université McGill. Son projet de recherche a été partiellement financé par une subvention de fonctionnement pour jeune chercheur et une bourse salariale pour jeune chercheur de la Société de l’arthrite du Canada, toutes deux accordées en 2014.
Réflexion du chercheur
Dans ma pratique de physiothérapeute, je me demandais pourquoi l’arthrose du genou progressait jusqu’à un stade avancé chez certaines personnes atteintes. Mon travail étudie différents facteurs contribuant à la progression de l’arthrose et la variation de ces facteurs selon le type d’arthrose du genou. Les réponses à ces questions sont d’une grande importance pour l’élaboration de traitements personnalisés.
– Shawn Robbins, Ph. D., l’Université McGill
Réaction dans le vrai monde
Depuis que j’ai reçu mon diagnostic d’arthrose non traumatique il y a 35 ans, je passe mon temps à chercher de l’information, des résultats de recherche, des professionnels de la santé informés et des programmes d’activité, d’exercice et de mouvement efficaces. Cette recherche récente sur la biomécanique de l’arthrose me permet d’en apprendre davantage sur les façons de continuer à bouger, ce qui est si important dans ma vie!
– Peter Pullinger, membre d’une table ronde de consommateurs en ligne de la Société de l’arthrite du Canada