Les personnes atteintes d’arthrose ne doivent pas se laisser immobiliser par la douleur

Voici ce que vous devez savoir

De nombreuses personnes qui vivent avec l’arthrose du genou ne font pas assez d’activité physique, malgré tous les bénéfices qu’elle apporte. On croit souvent que plus les gens souffrent de douleurs associées à l’arthrose du genou, moins ils sont actifs. Les auteurs d’une étude de 2019 ont contesté ce point de vue, dévoilant qu’il n’existe aucun lien entre les douleurs aux genoux et la marche au quotidien. Cette découverte a signalé l’importance de trouver des solutions autres que la gestion de la douleur pour aider les personnes atteintes d’arthrose du genou à continuer de bouger afin d’alléger leurs symptômes et de mieux vivre.

Sur quoi cette recherche porte-t-elle?

Dans le domaine des soins aux personnes arthritiques, on dit souvent que « le mouvement est un médicament ». Ce qu’on veut dire, c’est que l’activité physique a une incidence importante sur les symptômes de la douleur articulaire et la mobilité. Pour ceux qui vivent avec l’arthrose du genou, demeurer actif peut réduire la douleur et améliorer la qualité de vie. Cependant, ces personnes sont souvent moins actives que celles qui n’ont pas l’arthrite. L’une des interprétations possibles est que la douleur dans leurs articulations est plus aiguë, ce qui les amène à éviter toute activité physique susceptible d’améliorer leurs symptômes à long terme. Or, les preuves scientifiques à l’appui de cette interprétation si répandue n’étaient pas claires.

Qu’ont fait les chercheurs?

Le stagiaire de recherche Anthony Gatti a travaillé avec Monica Maly, Ph. D., et son équipe de recherche pour étudier l’activité physique chez les personnes atteintes d’une arthrose du genou légère à modérée pendant trois ans. Ils ont calculé le nombre moyen de pas effectués quotidiennement par des personnes atteintes d’arthrose à l’aide d’un outil semblable à un moniteur d’activité, puis ils ont évalué la douleur de deux façons différentes en utilisant des questionnaires. Ensuite, ils ont analysé le rapport entre ces multiples mesures au fil du temps.

Qu’en est-il ressorti?

Contrairement à ce que l’on aurait pu croire, il n’y avait pas de rapport entre la douleur associée à l’arthrose du genou et la mesure dans laquelle les sujets marchaient. Les personnes les plus âgées ou celles qui avaient un indice de masse corporelle plus élevé marchaient moins, et, comme on l’avait prévu, les sujets étaient plus actifs à l’été.

Quelle est l’utilité de cette recherche?

Les conclusions de cette recherche révèlent qu’on doit aborder d’autres facteurs que la gestion de la douleur pour augmenter le niveau d’activité physique des personnes atteintes d’arthrose du genou. Cette recherche renforce aussi l’idée que l’activité physique et l’éducation doivent faire partie intégrante de la prise en charge de l’arthrose du genou, car la gestion de la douleur n’est pas le seul enjeu.

Ces renseignements peuvent être utilisés pour concevoir des outils éducatifs et des programmes pour aider les personnes touchées par l’arthrose du genou à rester actives. Ils peuvent aussi inspirer de futures recherches visant à trouver des façons d’éliminer d’autres obstacles à l’activité physique pour les personnes atteintes d’arthrose et à déterminer si ces obstacles sont différents chez les personnes atteintes d’arthrose aiguë et présentant des symptômes plus graves.

Quelle incidence cette recherche pourrait-elle avoir?

En contribuant à façonner des stratégies visant à aider les personnes atteintes d’arthrose à rester actives, cette recherche pourrait améliorer la qualité de vie des millions de Canadiens atteints de cette maladie. Une vie active a une incidence positive sur les articulations, l’humeur, le sommeil et bien d’autres facteurs. Les stratégies de gestion du mode de vie visant à réduire la douleur et à améliorer la mobilité peuvent aider certaines personnes à éviter les médicaments ou une opération.

À propos des chercheurs

Anthony Gatti, titulaire d’une bourse salariale de formation au doctorat de la Société de l’arthrite du Canada, travaille sous la supervision de Monica Maly, Ph. D., qui dirige le Mobilize Clinical Biomechanics Lab à l’Université McMaster et à l’Université de Waterloo.

Réflexion du chercheur

Photographie de Anthony Gatti

Pour moi, la découverte la plus importante découlant de cette étude est que les gens maintiennent leur niveau d’activité habituel, en dépit des variations quotidiennes de la douleur. Cela indique que si l’on veut augmenter le niveau d’activité physique, on doit tâcher de modifier les comportements à long terme en s’attaquant aux obstacles à l’accès et en fournissant des systèmes de soutien durables, tels que les activités en groupe.

– Anthony Gatti, l’Université McMaster

 

Réaction dans le vrai monde

J’adhère totalement à l’idée qu’il est de première importance de rester actif afin de maintenir sa qualité de vie ainsi que sa santé malgré la maladie. Étant atteinte de polyarthrite rhumatoïde depuis 16 ans maintenant, et aussi l’arthrose, j’ai toujours poursuivi mes activités en respectant mes limites (natation, marche, yoga et bicyclette). Ceci n’a pas empêché que je doive me faire opérer pour une arthroplastie bilatérale des genoux prochainement mais a préservé ma joie de vivre et ma qualité de vie. Même dans la situation actuelle, je continue à fréquenter la piscine et à marcher dans la limite de mes capacités.  

– Anne-Marie Bonneau, membre d’une table ronde de consommateurs en ligne de la Société de l’arthrite du Canada

People with osteoarthritis don’t have to let pain stop them in their tracks

Citation

Brisson N. M., A. A. Gatti et M. R. Maly. « Pain is not associated with steps per day in persons with mild-to-moderate, symptomatic knee osteoarthritis - a mixed models analysis of multiple measurements over 3 years », Arthritis Care Res, Hoboken, 2019.