Depuis votre diagnostic, avez-vous dû faire des ajustements importants dans votre vie? Si oui, quels sont-ils et quelles stratégies vous ont aidé à vous y adapter?
Kiah :
Je trouve que je suis devenue plus détendue et je vis sans crainte. Beaucoup de gens disent : « Oh, je vais juste attendre quelques années jusqu’à ce que j’aie une vie plus stable, puis je vais faire ceci, faire cela. » Je suis devenue le genre de personne qui saute sur les occasions dès qu’elles se présentent. J’ai fait cinq ans d’études de premier cycle. Dans ma quatrième année, l’occasion d’aller en Angleterre pour un stage s’est présentée. J’en ai profité et j’y suis allée. Ma mère m’a dit : « Pourquoi ne pas attendre un an? Quand tu auras ton diplôme, tu pourras peut-être même vivre là-bas? » Je me suis dit que tout peut arriver en un an, alors j’ai juste sauté sur l’occasion. Je me suis renseignée sur tout ce dont j’avais besoin de savoir pour vivre là-bas, et j’ai déménagé là pendant quelques mois. Je suis devenue plus spontanée, je vis le moment présent et je fais des choses qui me rendent vraiment heureuse au lieu d’hésiter face à des situations qui vont me procurer du bonheur. Je ne pense plus aux gains matériels ou à rendre les autres personnes heureuses.
Jillian :
Je pense que l’un des plus grands ajustements que j’ai dû faire était d’y aller mollo au beau milieu de la vingtaine, pendant que je profitais de la meilleure partie de ma vie. Ça a eu un impact sur mon cercle social aussi. Ce qui m’importait, c’était d’aller aux endroits branchés de Toronto et les restaurants, de prendre un verre après le travail. C’était très difficile au début; j’ai l’impression d’avoir raté beaucoup de choses. Même quand j’arrivais à sortir, j’étais tellement coincée au début, et je le suis encore parfois, parce que je suis là, dans ma tête, à me dire : « Je ne veux pas tomber malade » et « Je devrais aller me coucher maintenant, sinon, je vais être épuisée. » C’est mon état d’esprit ces temps-ci, et c’est parfois un peu agaçant.
Je pense que c’est surtout ce genre de choses que j’ai dû sacrifier : manquer des occasions de sorties et de devoir prendre ça relax. Mais en même temps, ça m’a probablement vraiment aidé avec ma rémission. Vous savez, je me suis concentrée sur différentes choses comme m’entraîner. En bout de ligne, il y a des avantages et des désavantages, mais je pense que l’une des choses qui m’ont le plus dévastée était de ne pas pouvoir sortir célébrer mon 25e anniversaire. À la place, je suis restée pleurer à la maison. Je ne pouvais pas sortir; quand je sortais, je voulais toujours rentrer. Je quittais Toronto tous les week-ends et mon amie pouvait faire la fête dans notre condo ou sortir avec des amis, et moi, je rentrais chez ma mère et je pleurais. J’ai donc l’impression d’avoir perdu quelques années. Mais j’ai aussi profité de ma vingtaine comme j’ai pu, et j’ai passé de très beaux moments avec mes amis quand j’ai pu.
Allyson :
Oh wow! Oui, je pense que ma vie a été chamboulée. Avant de tomber malade, j’étais très concentrée sur ma carrière et je travaillais beaucoup, j’allais à l’école. Voilà. C’était mon principal objectif. Après être tombée malade et ne plus pouvoir continuer à travailler — vraiment, je n’en pouvais plus, je n’avais pas l’énergie de le faire — je me suis réellement posé la question : mais quel est mon but dans la vie? Ça m’a fait remettre en question ce que je fais et la raison pour laquelle je suis là. C’est à ce moment-là que je me suis tournée vers la religion. Je sentais que je devais trouver une façon différente d’aborder ma vie. J’ai carrément changé ma vie après ça. C’est certainement le plus grand tournant que j’ai pris. Eh oui, comme je l’ai dit, avec ma carrière, même si je me dirige pas mal dans la même direction que je voulais au départ, je pense que le côté social, ma famille et mes priorités ont beaucoup changé. J’ai passé de me concentrer strictement sur ma carrière à me dire qu’il y a d’autres choses qui sont plus importantes dans la vie que le travail. Mon conseil serait de ne pas perdre espoir et qu’on peut suivre un chemin différent, ça peut même amener du positif dans la vie. Donc, même si on est malade et que c’est difficile, c’est peut-être ce dont on a besoin pour nous pousser à faire des changements positifs. Ça a définitivement été le cas pour moi. Ça m’a forcé à faire beaucoup de changements positifs qui étaient à mon avantage.